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Joel-Peter Witkin, l’angélique et l’obscène

Cet essai sur Joel-Peter Witkin, photographe américain né en 1939 à Brooklyn, n’est pas une nouvelle polémique sur ses supposées provocations (entre sexe, pornographie, monstres et icônes saint-sulpiciennes), mais un commentaire psychanalytique. Également, un entretien inédit avec le photographe.

— Auteur : Hervé Castanet
— Éditeur : Pleins Feux, Nantes
— Année : 2006
— Format : 11 x 21 cm
— Collection : L’impensé contemporain
— Pages : 62
— Langue : Français
— ISBN : 2-84729-055-9
— Prix : 8 €

Présentation
Pratiquement cet essai ne relève ni de l’histoire de l’art ni de l’esthétique ni de la critique artistique. Son auteur n’est pas philosophe — ni sémiologue des images. Par contre, la psychanalyse y est impliquée. Ce n’est pas, ici, la psychanalyse qui (autoritairement) convoque la photographie. C’est l’inverse : la photographie et ces photographies-là précisément — implique la psychanalyse. Ou mieux : Witkin regarde la psychanalyse. Cette dernière se trouve mise à la question — «l’énigme étant de son côté» (J. Lacan). Cet essai, hors chronologie ou exhaustivité, commentera quelques photographies et propos tenus par Witkin (notamment un long entretien qu’il nous a accordé). Il y sera donc question des mots et des images de ce photographe.

À les déplier, comme lui-même les dit ou les montre, quelles conséquences en tirer ? Accepter que la psychanalyse soit impliquée (regardée) par Witkin, c’est tirer des conséquences de ses images et mots. La psychanalyse impliquée oblige à une rigoureuse politique des conséquences — soit que les artifices des semblants et les constructions de simulacres ne peuvent faire l’économie d’un réel à l’œuvre. Ce réel échappe à toute prise de l’image — mais également du mot (qui nomme), de la représentation (qui met en scène) ou du concept (qui universalise). Précisément, la fonction (et les usages pragmatiques) de l’image (ou du mot, de la représentation, du concept) est, non point de réduire ce réel, mais de l’épurer, de le mettre aux commandes de l’acte – ici de l’acte de création d’images (ou, par ailleurs, de théorie, d’écriture, de poésie …). Ce réel est cause et c’est parce qu’il est à extraire comme tel qu’une politique des conséquences est possible.

Si, suivant J. Lacan dans ses termes de 1964, «aucune praxis plus que l’analyse n’est orientée vers ce qui, au cÅ“ur de l’expérience, est le noyau du réel» ; si, encore, la psychanalyse «ne nous permet en rien de nous résoudre à un aphorisme comme la vie est un songe» ; si, enfin, «le réel est au-delà de l’automaton, du retour, de la revenue, de l’insistance des signes (…). Le réel est cela qui gît toujours derrière l’automaton (…)» ; alors la psychanalyse nous sera de quelque secours pour faire balise à cet essai sur la photographie.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Pleins Feux — Tous droits réservés)

L’auteur
Hervé Castanet, professeur des universités, est membre de l’École de la Cause freudienne. Il est psychanalyste à Marseille.

English translation : Laura Hunt