It’s not funny

Communiqué de presse
Loïc Connanski, Ronald Dagonnier, Frédéric Lecomte & Michaël Sellam.
It’s not funny

« Mais que faire sinon le con ? » demande Loïc Connanski dans sa vidéo intitulée Je ne suis pas un Kdo de Noël. Pour les quatre artistes choisis pour l’exposition, faire le con, assumer une esthétique de l’idiotie s’impose comme une évidence, conscients qu’elle est désormais le moteur le plus efficace de la subversion dans l’art. L’idiotie s’offre comme une possibilité de relecture du réel, elle devient alors une puissance de création qui ouvre de nouveaux champs d’expérience.

Le titre de l’exposition s’inspire du spectacle de Meg Stuart, dans lequel la chorégraphe mettait en scène des situations où la volonté de faire rire rate pitoyablement son but.
Pour paraphraser Jean Dubuffet, afin de rester anti-conformiste, l’artiste se doit d’endosser un rôle proche de celui du fou, quitte à surprendre et à dérouter.
Avec la spontanéité qui le caractérise, le rire surgit parfois là où il ne devrait pas apparaître, créant une complicité avec le spectateur. La connivence est nécessaire au déclenchement du rire, ce qu’explique Henri Bergson dans son fameux ouvrage Le Rire quand il déclare que le rire a besoin d’un écho. Le philosophe poursuit en affirmant que le rire rassemble, son milieu naturel est la société, « on ne goûterait pas le comique si l’on se sentait isolé ».

Chacun dans leur univers, les quatre fantastiques Ronald Dagonnier, Frédéric Lecomte, Michaël Sellam & Loïc Connanski proposent des œuvres souvent drôles, à l’humour tour à tour potache, enfantin, absurde ou décalé. Mais quelque soit la forme sous laquelle il se présente à nous, l’humour permet toujours une prise de recul sur les choses, il est intelligence sociale, il est cathartique, il est langage et moyen d’expression.

Ces quatre artistes partagent un certain goût pour l’irrévérence, ils se jouent des codes du bon goût et n’hésitent jamais à faire prendre le contre-pied de l’esthétique conventionnelle pour la dénoncer. Loïc Connanski lutte avec application contre l’arrogance de la supériorité intellectuelle affichée par le milieu de l’art. Grâce à la technique de l’auto-filmage, l’artiste use de la parodie, de la satire, de jeux de mots (parfois douteux mais assumés comme tels), et d’autodérision. Michaël Sellam s’amuse avec la technologie pour la détourner de son usage courant. Les installations et vidéos de Frédéric Lecomte oscillent entre humour enfantin, ironie et érotisme. Enfin, Ronald Dagonnier saute à pieds joints dans une esthétique du mauvais goût, entre blague potache et art infâme.

Nos quatre « pires » utilisent l’humour et le rire selon un large panel mais s’accordent sur un point : « It’s not funny », le rire est pris par chacun d’eux très au sérieux.