ART | EXPO

It’s Gonna Rain

01 Oct - 13 Déc 2008
Vernissage le 30 Sep 2008

Les travaux de ce troisième cycle autour de "l’intensité du neutre", s’intéressent au décalage, à l’émergence d’un sens qui se dessine entre les lignes ou à l’association d’éléments hétérogènes.

Aurélien Froment, Ryan Gander, Raymond Hains, Lisa Oppenheim, Evariste Richer, Josef Strau et Lawrence Weiner
It’s gonna rain

« It’s gonna rain » est le troisième et dernier volet d’un cycle d’expositions explorant la possibilité d’un paradoxe : l’intensité du neutre.

Cette idée réfère à une série de cours, intitulée « Le Neutre », donnée par Roland Barthes en 1978.

Aux connotations de « grisaille, de neutralité, d’indifférence » habituellement associées à cette notion, Barthes oppose l’idée d’un neutre pouvant renvoyer à des états « forts, intenses, inouïs. »

Cette troisième exposition s’intéresse plus précisément à l’émergence d’un sens qui se dessine entre les lignes, de l’association d’éléments hétérogènes.

S’attachant à déjouer le « binarisme implacable », la logique oppositionnelle sur laquelle la construction du sens s’appuie habituellement (masculin/féminin, oui/non, etc.), Barthes postule avec le neutre un sens se développant sur le modèle « des débordements, des empiètements, des fuites, des glissements, des déplacements, des dérapages. »

Le titre de l’exposition est emprunté à une oeuvre du compositeur américain Steve Reich. « It’s gonna rain » (1965) consiste en le jeu répétitif de deux boucles sonores identiques – les mots « It’s gonna rain » prononcés par un prêcheur enregistré dans la rue – sur deux lecteurs différents, jouant avec le léger décalage de vitesse entre les appareils pour créer des combinaisons rythmiques infinies.

L’oeuvre rappelle la description de ce que Barthes, au sujet des films d’Eisenstein, décrit comme « le troisième sens », un sens « qui vient « en trop », à la fois têtu et fuyant, lisse et échappé. »

Dans l’exposition, plusieurs oeuvres s’articulent autour de ce sens qui émerge dans l’entre-deux. « Story study print » (2004) de Lisa Oppenheim est une installation comportant deux projections 16mm.

Un premier film nous fait lire les textes extraits de posters d’alphabet utilisés dans les écoles noires-américaines dans les années 1970 – de « A is for apple » à « Z is for zebra » en passant par « It’s gonna rain », « R is for revolution » ou « S is for soul sister » -, tandis que l’autre projection présente des images qui semblent illustrer ces phrases.

Les deux projecteurs ne sont cependant pas synchronisés et la relation entre images et textes change continûment, créant de nouvelles lectures et associations entre les éléments.

L’installation « Travelogue lecture » (with missing content) (2001) de Ryan Gander consiste en une double projection de diapositives issues d’une conférence antérieure et dont le contenu, à savoir les images, a été retiré.

Seules subsistent les montures vides des diapositives, et la projection, que le spectateur est invité à contempler installé sur une pile de coussins, se résume à la conversation entre les deux séries de formes géométriques lumineuses.

Cette tension entre disparition et multiplication du sens se retrouve dans les deux oeuvres d’Evariste Richer : « Le monde immaculé » (2004) et « Le monde maculé » (2004) sont deux versions du quotidien « Le Monde », l’une vierge de tout encre, l’autre saturée d’encre noire.

La vidéo » L’Adaptation manifeste » (2008) d’Aurélien Froment, co-produite par la Maison populaire et le Parc Saint-Léger, prend comme point de départ une série de séquences cinématographiques mettant en scène des personnages en train de lire dans différentes positions.

Chaque situation a été rejouée par une actrice dans un environnement blanc, sans décor. La vidéo s’intéresse aux bribes de narration qui se déploient au fil des séquences et fonctionne comme un répertoire de la figure du lecteur telle qu’elle apparaît dans le film de fiction.

Les oeuvres de Josef Strau, parmi lesquelles « Lamp for the bad conscience » (2007) ou « Lamp for the arcadia diary » (2007) explorent la manière dont le medium du texte peut référer au medium tridimensionnel de l’exposition.

Ces oeuvres sont des objets hybrides créés en assemblant différents types de lampes avec des textes dactylographiés sur des supports variés, tels que des posters ou des étiquettes. Ces éléments textuels sont attachés ou collés aux abats-jours, liés aux pieds des lampes, placés au mur ou sur le sol, en relation aux lampes. La pratique de Josef Strau propose une tentative de spatialiser les actes d’écriture et de lecture, développant ce qu’il nomme des « espaces narratifs » et explorant l’espace entre les mots comme espace d’émergence du sens.

Evénement

Mercredi 19 novembre à 19h
Lancement du catalogue « Neutre intense ».
En la présence d’artistes et d’auteurs ayant participé à la publication et aux expositions.

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