DESIGN | EXPO

Révélations | Phases

24 Mai - 27 Juil 2019
Vernissage le 23 Mai 2019

Infiniment précieuses et délicates, les sculptures textiles de Hanne Friis n'en cultivent pas moins une part d'inconfort. Teignant et cousant les tissus à la main, Hanne Friis leur donne des formes finement organiques. Comme autant de chairs écloses, à retrouver dans l'exposition "Phases".

Tandis que s’achève la biennale Révélations 2019, certains des évènements du parcours Hors les Murs en prolongent l’expérience. C’est notamment le cas de l’exposition « Phases », à la Galerie Maria Wettergren. Consacrée au travail de la sculptrice textile norvégienne Hanne Friis, « Phases » réunit quelques-unes de ses sculptures et peintures récentes. Quiconque a vu les affiches de Révélations 2019 connaît en partie le travail de Hanne Friis. La riche et intrigante texture organique bleutée, sur fond noir, qui ornait l’affiche de cette quatrième édition, était un détail de l’une de ses sculptures. Soit la monumentale Shades of Black and Blue (2014) ; une sculpture de plusieurs mètres de haut, composée de centaines de paires de jeans en denim (destinées au recyclage), cousues ensemble avec du fil de nylon. Travaillant soie, toile, laine… Hanne Friis module les plis et les déliés dans une alternance de drapés et villosités textiles.

« Phases » : première exposition monographique de Hanne Friis en France

Utilisant des teintures naturelles (glands, sulfate de fer, armoise…), Hanne Friis teint et coud ses sculptures à la main. Soit une façon d’atteindre un degré de finesse exceptionnel. Strates de fibres pliées et repliées, chaque pièce reflète le temps consacré à sa réalisation. Avec des formes évoquant tour à tour les circonvolutions de récifs coralliens, d’organes vibrants ou d’écorces végétales. Jeu de répétitions et variations, les sculptures de Hanne Friis transforment le minimalisme de leur processus en textures denses et sensuelles. Et combinant les teintes, à la façon d’Auguste Renoir n’hésitant par à ajouter du vert et du bleu pour rendre les tons de la chair, Hanne Friis déploie des sculptures aux lisières de l’informe. Et ce, à l’aune d’un processus de réalisation rigoureusement structuré. Avec l’ambivalence d’un textile censé envelopper, mais évoquant ici le dévoilement presque impudique d’une intériorité résolument organique.

Hanne Friis : des sculptures textiles aux plis et replis organiques

Première exposition monographique de Hanne Friis en France, « Phases » réunit des pièces chargées en qualités haptiques. Les parcourir du regard permet presque d’en sentir le poids, la chaleur, comme le tombé des velours grenats. Mais quelque chose d’insaisissable subsiste. Car si les replis de ces sculptures ont des élans animaux, ils ont aussi un caractère inerte. Un calme qui contraste avec la violence de ces déluges de torsions. Une légèreté qui leur permet de trôner, suspendus dans l’espace, avec l’élégance propre aux étoffes soigneusement apprêtées. Sans se départir d’une ambivalence parfois poussée jusqu’aux lisières du monstrueux. À l’instar de New Ornaments II (The Silk Series) (2015-2018), dont les soyeuses circonvolutions n’en évoquent pas moins quelque éviscération. Ou alors un corail. Ou une plante merveilleuse, de celles qui ne pousseraient que dans le plus secret des jardins. Une fascinante floraison, en somme, à retrouver dans l’exposition « Phases ».

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