ART | EXPO

Foreign Fruit

16 Jan - 24 Fév 2007
Vernissage le 13 Jan 2007

Baignant depuis son enfance dans une double culture, à la fois indienne et anglo-saxonne, Rina Banerjee questionne l’exotisme, l’étrangeté, l’altérité, sur un ton souvent engagé.

« Foreign Fruit » de Rina Banerjee

Rina Banerjee est née en Inde, a été élevée à Londres puis dans le Queens. Elle vit aujourd’hui à Brooklyn. Elle devient d’abord ingénieur avant de se tourner vers les Arts Plastiques et obtient le diplôme de Yale (MFA).

On retrouve chez l’artiste, la complexité des sens entre sa culture de «sang» et sa culture «d’accueil». On comprend à travers ses dessins, sculptures et ses plus anciennes vidéos, les contradictions entre une culture ancestrale, artisanale et une autre, «pop» qui tente de s’imposer. Mais au-delà d’une première vision «acidulée» et «ludique», nous trouvons un propos politique, une critique sociale souvent acerbe qui peut être comprise comme une charge romantique contre la dilution de la culture indienne face à la mondialisation.

Dans la grande installation Take Me, Take Me, Take Me… To the Palace of Love (2003), Rina Banerjee ajoute un discours beaucoup plus engagé sur ses origines. Il s’agit d’une immense tente en plastique rose qui reprend l’idée du Taj-Mahal. Dans une autre pièce, Pink Eye, l’artiste reconstitue une «Tea Party» avec une collection de photographies et lettres du 19e. Le propos de ces deux œuvres est bien de montrer l’idée de réduction de l’Inde à un parc exotique et une terre de colonisation. Rina Banerjee étant ingénieur, elle explore avec une recherche très particulière, la symbolique complexe qui existe entre la culture indienne et sa culture d’emprunt américaine. Elle dit elle-même, être fascinée par le chaos et on y trouve de nombreuses métaphores dans son œuvre comme par exemple, les perles, les femmes indiennes ou les scarabées portés en Inde seulement par les hommes de haute condition. Elle dénonce le système des castes mais se demande aussi si le système libéral anglo-saxon est plus équitable.

On est frappé par la manière si subtile que Rina Banerjee a d’utiliser les matériaux et les couleurs, pour en faire à la fois des compositions abstraites avec un discours engagé. Rina Banerjee est aussi l’ingénieur de la couleur et des compositions.

Dans les dessins faits à partir de papier quadrillé trouvé dans un centre hospitalier de New York et sur lesquels l’artiste dessine des corps sensuels, Rina Banerjee y explique la contamination, la résistance du corps et autres corps: c’est une métaphore du corps de la femme bien souvent bafoué en Inde comme ceux des misérables et des corps des colonisés eux aussi longtemps entravés. C’est le paradoxe entre l’ultime beauté et un message plus profond.

A la galerie, sera montrée With tinsel and teeth, gem and germ… get back, get back to where you once belonged, sculpture qui avait été très remarquée en 2005 lors de l’exposition «Fatal Love» au Queens Museum of Art de New York. Dans cette Å“uvre à la fois sensuelle et grave, cohabitent des papiers brillants roses et un tas de petites têtes de caïmans. C’est le paradoxe de l’Inde d’aujourd’hui, celle qui s’ouvre ardemment à l’économie globale et qui reste fidèle et figée à ses principes ancestraux. C’est aussi pour Rina Banerjee, une résistance de ses origines et plus largement des autres cultures face à celle globale distillée par l’Occident et plus précisément par le monde anglo-saxon.

Article sur l’exposition
Nous vous invitons à lire l’article rédigé par Paul Bernard sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

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