ART | EXPO

Feux de détresse

20 Déc - 14 Fév 2009
Vernissage le 20 Déc 2008

Les travaux de Claire Fontaine sont le fruit d’une réflexion sur la vie carcérale et d’une médiation sur le monde du travail comme espace d’enfermement.

Claire Fontaine
Feux de détresse

« Feux de détresse »
=
méditation sur le monde du travail comme espace d’enfermement
=
hypothèse formulée par des objets et des signes que la prison est sortie de ses murs
=
exploration partielle du travail comme dedans de la prison et de la prison comme dehors du travail.

Le travail comme revers de la prison/machine productive et la prison/machine punitive comme conséquence du refus de la logique salariale et économique au sens large.

Inventaire non exhaustif des pièces présentées
— Please God make tomorrow better, enseigne lumineuse clignotante qui reprend un aveu d’impuissance politique générique et anonyme.

— Sans titre, balles de tennis, sculpture qui se réfère à la pratique des proches de prisonniers d’envoyer des objets, qui ne passeraient pas le contrôle des gardiens, en les lançant à l’intérieur de balles de tennis au-dessus des murs d’enceinte de la prison.

— Please come back, enseigne en police de caractère K, faite de tubes de néons fluorescents normalement utilisés pour éclairer des lieux disciplinaires comme les écoles, les usines, les hôpitaux, etc. Ce système d’assemblage représente la manière la plus économique et accessible de se fabriquer une enseigne lumineuse.

L’enseigne réagit au mouvement des corps dans l’espace et son sens peut être interprété de différentes manières, de la parodie du message adressé au consommateur qui quitte un magasin au sentiment mélancolique de perte irréparable d’un moment de grâce ou de l’être aimé.

— Il faut travailler plus pour penser moins, le drapeau tricolore français est brodé d’une inscription anonyme originairement faite au feutre sur une affiche publicitaire dans le métro de Paris.

— J’ai désappris la nuit, est un drapeau blanc où est brodée une citation tirée de Je hais les matins de Jean-
Marc Rouillan.

Jean-Marc Rouillan récemment re-emprisonné suite à l’interview donnée à l’Express publiée en octobre 2008 où il affirmait notamment à propos du meurtre de Georges Besse : « le fait que je ne m’exprime pas est une réponse. Car il est évident que si je crachais sur tout ce qu’on avait fait, je pourrais m’exprimer. Mais par cette obligation de silence, on empêche aussi notre expérience de tirer son vrai bilan critique. »

Sa déclaration elliptique a valu aux yeux de la justice comme une transgression du silence qui lui était imposé pendant la semiliberté.

— Untitled S.A.D. (Seasonal Adjustment Disorder) installation composée de lampes anti-dépressives dont la fréquence de la lumière permet au cerveau d’accroître sa production de mélatonine pendant les saisons froides et sombres.

— Sans titre, ce bras en latex utilisé couramment dans les pratiques de fist-fucking orné d’une montre Rolex est un portrait de la vie mutilée que nous vivons tous dans le régime capitaliste actuel. Ce geste plastique, proche du vocabulaire formel de Bruce Nauman, est aussi une mise en abîme de la sculpture par moulage.

— Sans titre,(Mugs) ready-made inspiré par le micro-fascisme rampant dans les bureaux et les lieux de travail.

— Optic, deux fontaines à eau normalement utilisées dans les bureaux, remplies de vodka et de whisky qui évoquent la nécessité de rentrer dans un état de conscience altérée lorsqu’on vaque aux tâches qui nous sont imposées de manière hiérarchique.

Toute interprétation des oeuvres citées ci-dessus reste subjective, les artistes ne sont aucunement propriétaires du sens de leur travail.

À l’occasion de l’exposition « Feux de détresse », nous souhaitons suspendre le rituel des communiqués de presse pour transmettre nos intentions de la manière la plus basique possible sans les enrober d’informations supplémentaires.

Merci de votre compréhension.
Claire Fontaine, décembre 2008

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Paul Brannac sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

Feux de détresse

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