ART | EXPO

Faces

24 Mai - 19 Juil 2008
Vernissage le 24 Mai 2008

Déconstruction narrative, ruptures formelles, juxtapositions d’éléments historiques, personnels et fictionnels, les oeuvres de Mark Geffriaud, Deimantas Narkevicius, Pia Rönicke et Margaret Salmon jouent de la transmission de situations, de codes ou de récits de manière non didactique, favorisant une approche existentielle. A travers photos et vidéos, la question du portrait est envisagée dans l’exposition, non pas selon la tradition classique de la pose et de la représentation, mais suivant une logique dynamique ouverte au dialogue et aux interférences.

Mark Geffriaud, Deimantas Narkevicius, Pia Rönicke et Margaret Salmon Mark Geffriaud, Deimantas Narkevicius, Pia Rönicke et Margaret Salmon
Faces

L’exposition « Faces » s’articule autour d’un ensemble de portraits aux contours mouvants et flous dans lesquels les notions de temps, de subjectivité et d’idéologie se confondent.

Déconstruction narrative, ruptures formelles, juxtapositions d’éléments historiques, personnels et fictionnels, les oeuvres de Mark Geffriaud, Deimantas Narkevicius, Pia Rönicke et Margaret Salmon jouent de la transmission de situations, de codes ou de récits de manière non didactique, favorisant une approche existentielle.

La question du portrait est ainsi envisagée dans l’exposition, non pas selon la tradition classique de la pose et de la représentation, mais suivant une logique dynamique ouverte au dialogue et aux interférences.

En 1968, John Cassavetes réalise « Faces » dans lequel il filme la lente désintégration d’un couple de la middle class suburbaine américaine. Une érosion des sentiments liée au temps, à la routine et aux différents rôles (faces) adoptés par ce couple dans leur vie quotidienne.

Proche de ce cinéma, tant dans son esthétique que dans les thèmes abordés, Margaret Salmon (née en 1975 à New York, vit à Whistable, Grande-Bretagne) décrit ses films comme des « portraits basés sur le temps », celui de la pellicule mais aussi celui qui révèle et construit ses personnages.Temps perdu, temps gâché, temps mort, le passage du temps chez Margaret Salmon s’accompagne d’un sentiment de perte, de désespoir et d’usure émotionnelle.

« PS » (2002, 8 minutes) dresse ainsi le portrait d’un homme qu’on voit se livrer à ses activités quotidiennes: tondre la pelouse, laver sa voiture, fumer des cigarettes … tandis qu’en voix-off un homme (cet homme) et une femme se disputent violemment. À la manière d’une nouvelle de Raymond Carver, le procédé narratif de « PS » est simple, il demeure pourtant particulièrement efficace dans sa concision et sa façon de dégager le caractère universel et quasi abstrait d’une crise relationnelle. Évitant tout pathos, Margaret Salmon dépeint à travers ce couple le portrait lucide de chacun d’entre nous, inéluctablement soumis au regard de l’autre et à l’usure du temps.

Réalisé à l’occasion du dernier « Münster Sculpture Project », le film « The Head » (2007, 12 minutes) de l’artiste lituanien Deimantas Narkevicius (né en 1964, vit à Vilnius, Lituanie) repose sur un autre type de portrait impliquant mémoire et imaginaire collectifs. Composé exclusivement de documents d’archives, »The Head « dresse le portrait du sculpteur Lew Kerbel ayant réalisé en 1971 un gigantesque monument à l’effigie de Marx dans le plus pur style réaliste socialiste pour Chemnitz, ville d’ex-RDA, aussi connue sous le nom de Karl Marx Stadt. Extraits d’entretiens d’époque avec le sculpteur et de documentaires de propagande sur l’élaboration de la sculpture, The Head porte un regard critique sur la construction de symboles et leur persistance dans le temps y compris après le démantèlement des idéologies qu’ils représentaient.

À l’origine, l’artiste avait prévu pour « Münster Sculpture Project » de déplacer ce buste en bronze de plus de quarante tonnes. Devant la le refus de la municipalité de Chemnitz, il a alors proposé de construire une réplique de ce buste, projet à nouveau refusé par le maire de Chemnitz sous prétexte que le monument n’était « authentique » qu’à l’endroit pour lequel il avait été conçu. L’échec de la réalisation de ce projet alimente ainsi les questionnements sur la construction d’une identité culturelle, sociale et politique et l’attachement à l’histoire, dont « The Head » se fait le reflet.

Le projet « Without a Name » de Pia Rönicke (née en 1974, vit à Copenhague) s’intéresse à la vie de Mme Le Klint, designer danoise ayant été dépossédée de ses créations par sa propre famille et dont le nom maintenant célèbre a été totalement désincarné au profit d’une marque commerciale. À travers un diaporama et une série de photos, mélange d’éléments réels et fictionnels, Pia Rönicke retrace l’histoire de Mme Le Klint mais également les relations que les deux femmes entretiennent, soulignant ainsi la responsabilité de l’artiste vis-à-vis de l’histoire et de la société à partir d’une expérience humaine. Par son refus de l’amnésie, Pia Rönicke réactive les enjeux artistiques et sociaux contemporains, tout en réinventant de nouvelles formes, comme si le devoir de l’artiste était de relire l’histoire en permanence et y inscrire entre deux interstices, sa propre vision.

De l’absence de contenu écrit dans les différentes formes des Renseignements Généraux que l’artiste développe autour d’un processus d’archivage d’images organisé selon un principe de récurrences formelles à la réalisation d’un (non-)monument à la mémoire d’une ville disparue (« Pride », 2007) ou à la matérialisation d’une route imaginaire dans le désert (« Milky Ways », 2007), les oeuvres de Mark Geffriaud (né en 1977, vit à Paris) suggèrent un manque et modélisent un univers que le visiteur est invité à combler de ses propres projections.

Ainsi l’oeuvre « Roche » (2008) consiste-t-elle en la projection de monochromes sur une page du livre « Compact » de Maurice Roche, dans lequel chaque voix est représentée par une couleur différente, provoquant précisément l’effacement de certaines de ces voix. Autour de questionnements centrés sur l’apparition (l’enregistrement, la circulation) et la disparition (l’oubli) des images et des formes, les oeuvres de Mark Geffriaud dessinent une archéologie fragmentaire laissant une large part au malentendu comme processus cognitif.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Magali Lesauvage sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

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