ART | EXPO

Excusez-moi de vous avoir dérangés

20 Oct - 17 Déc 2016
Vernissage le 20 Oct 2016

L’exposition « Excusez-moi de vous avoir dérangés » à l’espace Khiasma rassemble, autour d’un film de Fabrizio Terranova consacré à la philosophe Donna Haraway, les œuvres de cinq autres vidéastes. Il en résulte un réseau de narrations qui déconstruisent le récit et la chronologie.

L’exposition « Excusez-moi de vous avoir dérangés » à l’espace Khiasma réunit autour de la figure de Donna Haraway, philosophe et biologiste américaine, les œuvres vidéo de six artistes contemporains, théoriciens de l’art et commissaires d’exposition.

 Un film consacré à la narration chez Donna Haraway

Le film que Fabrizio Terranova a consacré à Donna Haraway est au cœur de l’exposition. Titré Donna Haraway: Story Telling pour Earthly Survival (Donna Haraway: Narratio pour une survie terrestre), ce film réalisé en 2016 est un hommage à la philosophe américaine célèbre pour ses livres sur le féminisme et la biologie. Plus que les théories de Donna Haraway, c’est son style d’écriture qui a intéressé Fabrizio Terranova. Le film est naît de la fascination de celui-ci pour le rôle que joue la narration dans l’œuvre de la philosophe. Alors que la narration était considérée comme dépassée dans les années 1980, Donna Haraway a au contraire choisi de l’utiliser pour transmettre ses idées. A travers ses histoires souvent inspirées par la science-fiction, elle a dessiné sa vision d’une société où les relations entre êtres humains, entre espèces et entre êtres vivants et machines sont transformés, plus harmonieux. C’est en considérant l’espoir dont ces histoires sont porteuses face à un monde qui court vers sa ruine que Fabrizio Terranova a décidé de passer un été avec Donna Haraway dans sa maison californienne, pour observer ses procédés narratifs.

Un réseau de narrations sous forme de vidéos

Autour du film de Fabrizio Terranova, l’exposition dessine un réseau de nouvelles narrations. Les œuvres de cinq autres intervenants jouent le rôle de fauteurs de trouble et mettent en perspective le sujet même du film central. Elles explorent ainsi la façon dont les récits qui sont faits du monde conditionnent la façon dont nous le percevons. Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós présentent un premier fragment du film Les Impatients. Celui-ci se propose de reconstruire une histoire qui est aujourd’hui en panne. Face à un avenir en crise qui correspond à un récit en crise, le film ambitionne de « construire ce qui pourrait être, et déconstruire ce qui se présente comme étant ».

Le film Cuenta regresiva (Compte à rebours) d’Estefanía Peñafiel Loaiza est un exercice autour du temps. Pendant soixante-seize heures, un narrateur déploie un intarissable et obscur récit qui fausse la linéarité supposée de la chronologie. Tourné sur huit années, le film capte dans divers lieux la difficile tentative de lire à l’envers la Constitution de l’Équateur. Le film est lui-même diffusé à l’envers. On assiste ainsi à un récit régressif puisque le texte est au départ parfaitement intelligible et devient incompréhensible à mesure que l’on avance dans le film et que l’on recule dans le temps.

Les vidéos Há Terra ! d’Ana Vaz et Un petit morceau de bois de Pierre Michelon tissent à leur tour des récits qui brisent le cours de l’histoire. « Excusez-moi de vous avoir dérangés » pourraient dire ces œuvres qui s’emploient justement à contrarier l’ordre des choses et à manipuler le temps.

AUTRES EVENEMENTS ART