LIVRES

Encrages, cahiers d’esthétique n°3

Revue annuelle qui tente une réflexion sur le terme « contemporain » attaché à l’art. Qu’est-ce qu’être contemporain ? Un phénomène de mode ? Un processus individuel (et général) ? Une posture idéologique ? Et pour quelle historicité ? Pour amorce critique, des essais et des analyses en vue d’une extension du débat.

— Éditeur : L’Harmattan, Paris
— Directrice de la publication : Michèle Atchadé
— Parution : février 2003
— Format : 21,50 x 13,50 cm
— Illustrations : quelques, en noir et blanc
— Pages : 124
— Langue : français
— ISBN : 2-7475-3836-2
— Prix : 11 €

Éditorial
par Michèle Atchadé

Les deux premiers numéros portaient sur le corps et ses représentations après 1945. C’est à partir d’une interrogation sur ses enjeux actuels que nous avons voulu cerner ce qui serait spécifiquement contemporain dans le champ de l’art et de la pensée. Ce questionnement, nous l’avons livré à chacun des auteurs sous la formule : être contemporain ?
Deux voies s’ouvrent alors : réfléchir de façon argumentée, référencée, en « connaisseurs », et dialoguer avec un large public, presque à bâtons rompus en simples « interlocuteurs ». Chacune d’elle avec son écueil : d’une part, l’hermétisme élitiste, d’autre part une réflexion trop vulgarisante, une sorte de réflexion appliquée. Quitte à tomber dans l’un des ces pièges, Encrages, cahiers d’esthétique se veut, et transdisciplinaire, et accessible à différents publics. Pour nous, écrire sur l’art se situe dans une tension permanente entre une spécialisation qui fait la richesse d’un savoir, un questionnement qui fait la dynamique d’une réflexion et une capacité à faire écho, à rendre possible la rencontre avec le lecteur. Nous sommes contemporains parce que nous vivons aujourd’hui. Evidence qui masque une réalité plus complexe; sinon comment comprendre le Salon d’automne qui présente comme le salon de l’art « d’aujourd’hui » face à d’autres salons d’art « contemporain » ? Selon la discipline, ce terme ne recouvre ni les mêmes effets ni les mêmes représentations.

L’artiste contemporain, est-il celui qui valorise la vidéo, les installations multimédia, les nouvelles technologies, en opposition à la peinture ou au dessin ? Est-il celui qui valorise une esthétique de la provocation, hermétique, une esthétique de l’ennui qui nous retient pendant d’interminables heures où rien n’a lieu, la longueur, pour l’artiste et l’épreuve pour le spectateur étant un signe du contemporain face à un art du divertissement, du « tout est beau »… ? Dans tous les cas, si être contemporain est une question qui se pose, c’est que nous n’avons pas de recul historique. D’où le risque que certains effets de mode passent pour le contemporain. C’est pourquoi, nous avons voulu dès à présent nous forger des outils critiques pour comprendre le « contemporain », moins comme signe « d’artisticité » que comme phénomène lié à des mutations et des enjeux sociaux, politiques, économiques, sujet à des confusions idéologiques et didactiques auxquelles nous participons tous à notre manière en tant qu’acteurs du monde contemporain.

Prolonger ces interrogations également dans le prochain numéro manifeste le désir d’Encrages, cahiers d’esthétique, de susciter et de transmettre des réflexions, des approches différentes. Elles s’articulent à présent en quatre rubriques : Essais-Analyses, Question de regard, Ouvertures et Ancrages sur…