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En découdre

08 Jan - 21 Fév 2009

Les artistes invités utilisent la couture sur des modes qui n’ont plus grand chose à voir avec les traditionnels ouvrages de nos grand-mères.

Communiqué de presse
Maja Bajevic, Cathryn Boch, Santiago Borja, Angelo Filomeno, Florence Garabé, Aïcha Hamu, Kimsooja, Katarina Kudelova, Julie Legrand, Sébastien Rinckel, Miguel Rothschild, Gregg Smith
En découdre

La texture fine et vibrante du textile appelle un univers doux, bienveillant au creux duquel il fait bon se lover. Elle réveille la nostalgie douce heureuse d’un geste minutieux répété à l’infini dans le respect du savoir-faire ancestral. Pourtant, l’exposition «En découdre» cherche à rompre avec les idées reçues. Les petits tableaux d’enfants soldats Playground brodés à la machine de Florence Garabé, tout comme les dessins au fil inflammable blanc de Katarina Kudelova révélés par une étonnante mise à feu le soir du vernissage, n’ont plus rien à voir avec les traditionnels ouvrages de dames.

Les douze artistes sélectionnés tentent d’inscrire durablement le textile dans notre vie et notre environnement. Dans la vidéo de Gregg Smith Moving on -2007, des bannières se dressent symboliquement dans un paysage désolé, victime des mutations économiques. A l’aide d’une aiguille invisible, l’artiste coréenne Kimsooja assemble et noue des tissus de provenances diverses (Bottari) qui semblent, à leur manière, porter le poids du monde. Dans les oeuvres de l’artiste serbe Maja Bajevic, la métaphore de la couture sert à recomposer le fil de l’histoire sur les ruines du présent.

De sa texture fluide, la fibre vient calfeutrer les blessures, cicatriser, panser les plaies. Dans les tableaux brodés d’Angelo Filomeno, peuplés de têtes de mort et de monstres à pampilles, la luxuriance des soies sert de leurre. Les ors et les strass tentent de nous faire oublier, pour un temps, notre fin inéluctable.

Miguel Rothschild envisage, quant à lui, sa série de pansements à l’effigie de Saint Sébastien comme une fine couche de peau additionnelle. De même, l’architecte Sébastien Rinckel propose une sorte de pénétrable textile dont les parois épousent le déplacement des corps qui s’y faufilent.

Ces déplacements génèrent dans l’espace de la Fondation écureuil des formes vivantes et sculpturales.
Dès lors, le textile se transforme en métaphore picturale. Le fil remplace le pigment dans l’oeuvre de Julie Legrand Rose – 2008, un sarcophage en miroir recouvert de soies mélangées. Sur le mode intimiste, Cathryn Boch s’évertue à relier des corps impatients ou meurtris par l’entremise d’un simple fil de couleur qui transperce le dessin. Aïcha Hamu égratigne, quant à elle, la trame textile en la griffant à l’aiguille. Sur le grand rideau de théâtre exposé à la Fondation écureuil, émerge le portrait évanescent de l’héroïne de cinéma Alice White dans le film Blackmail d’Alfred Hitchcock. Le textile fluide et ample du décor se répand au sol comme une grande dégoulinure, un jet de couleurs semblable à la course effrénée de Kicking Yellow – 2006 de Santiago Borja.

Ainsi tiraillé entre la douceur de l’intime et la violence de la réalité qu’il renvoie, le fil fait office d’écran et de révélateur. Il porte en lui l’image d’un monde émietté, dispersé avec lequel en découdre.

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