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L’exposition « Dioramas » au Palais de Tokyo propose une mise en perspective de cette cruciale invention du dix-neuvième siècle qu’est le diorama à travers les œuvres de plus de cinquante inventeurs, artisans et artistes, d’hier à aujourd’hui.

Les dioramas, une histoire du regard à la croisée de l’art, des sciences et des techniques

L’exposition met en lumière les dioramas, en tant que source d’inspiration pour les artistes des vingtième et vingt-et-unième siècles et moyen d’analyser l’histoire du regard, à la croisée de l’art, des sciences et des techniques. Le parcours revient sur l’invention du diorama en 1822 par Louis Daguerre : le dispositif, présenté dans une salle de spectacle parisienne consistait alors en de larges compositions peintes des deux côtés d’une toile semi-transparente, des images peintes qui se modifiaient peu à peu par le biais de divers procédés comme des jeux de lumière, de verres de couleurs et de miroirs. Cet ancêtre du cinéma est exploré en 2012 par Armand Morin dans son installation Panorama 14 où une maquette du Canyon de Chelly aux Etats-Unis est animée par des effets scéniques et lumineux.

Le diorama, ancêtre du cinéma et réalité virtuelle

Le parcours évoque également deux autres formes de dioramas : les dioramas naturalistes et ethnographiques, qui sont constitués d’une toile de fond, d’éléments en trois dimensions et d’une vitre. On découvre ainsi des mises en scène d’animaux empaillés réalisées par l’établissement londonien Rowland Ward au dix-neuvième siècle ou encore ceux conçus par Georges-Henri Rivière au début du vingtième pour conserver des traces de la culture rurale française. Si dans sa première forme, le diorama, en créant une impression de mouvement, évoque le passage du temps, ses deux autres formes, qui sont des reconstitutions de scènes autrement invisibles pour des raisons d’espace ou de temps, créent une réalité virtuelle. Ainsi le diorama est-il l’outil de l’illusion et un support de projection pour l’imaginaire.

De Charles Matton à Isa Genzken, le diorama inspire l’art moderne

La dimension théâtrale et onirique des dioramas a inspiré Joseph Cornell dont les « théâtres poétiques » utilisent des objets de récupération dans des mises en scène entre rêve et réalité. On retrouve cette même dimension dans les paysages enneigés nocturnes évoqués par Anselm Kiefer ou les très cinématographiques Boîtes dans lesquelles Charles Matton créait en miniature les lieux et situations qu’il souhaitait représenter en tableau. Les dioramas de Mark Dion et d’Isa Genzken renvoient les visions angoissantes du monde moderne.

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