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Dictionnaire de l’objet surréaliste

Ce dictionnaire-catalogue accompagne l’exposition «Le surréalisme et l’objet», présentée au Centre Pompidou, retrace les étapes d’un questionnement qui provoque l’avènement de l’objet, fait proliférer la figure du mannequin, provoque le développement de la mise en scène des expositions.

Information

Présentation
Didier Ottinger (dir.), Henri Behar, Claire Boustani, Ester Cœn, Stéphane Correard, Gérard Durozoi, Jérôme Duwa, Miguel Egaña, François Farges, Fabrice Flahutez, Valerie Fletcher, Paul B. Franklin, Marie Garrut, Maria Gonzalez-Menendez, Annabelle Görgen, Jean-Michel Goutier, Emmanuel Guigon, Radovan Ivsic, William Jeffett, Adina Kamien-Kazhdan, Colin Lemoine, Hélène Leroy, Alyce Mahon, Frédéric Migayrou, Martine Monteau, Camille Morando, Philippe Pelletier, Sylvie Ramond, Morgane Rolin, Didier Semin, Andrew Strauss, Emmanuel Tibloux, Cédric Villani, Gérard Wajcman, Véronique Wiesinger
Dictionnaire de l’objet surréaliste

Comment concilier l’appel au rêve et le souci du réel, la psychanalyse et le matérialisme dialectique? La question se pose au Surréalisme à la fin des années vingt, le mouvement fondé par André Breton se met alors «au service de la Révolution». Un engagement, qui suppose la remise en cause du rôle social de l’artiste, de la fétichisation marchande de ses œuvres, auquel répond l’invention de l’objet surréaliste.

La Boule suspendue d’Alberto Giacometti constitue le prototype des «objets à fonctionnement symbolique» surréalistes. Face au soupçon de déviance «idéaliste» par les instances du Parti communiste, André Breton est conduit à reconsidérer ces premiers objets dont le «contenu manifeste» —les liens avec l’inconscient et les puissances du désir— s’avèrent par trop subjectif et «artiste».

L’«Exposition surréaliste d’objets», organisée en 1936 à la galerie Ratton, qui marque le point d’orgue de la réflexion surréaliste appliquée à l’objet, rassemble des «objets mathématiques», des masques Inuits, des minéraux, un tamanoir empaillé, et quelques objets surréalistes…

La période de la guerre voit un transfert des questions liées à l’objet dans un art de l’assemblage. Avec un groupe d’œuvres joyeusement polychromes, Joan Miró crée, à la fin des années soixante, des figures improbables qui résultent de l’assemblage d’objets les plus hétéroclites.

«L’ »Exposition surréaliste d’objets », inaugurée le 22 mai 1936 à la galerie Charles Ratton, n’a (presque) plus rien d’une « Exposition d’objets surréalistes » (une hésitation quant à l’intitulé de l’exposition dont témoigne les épreuves du catalogues). D’un titre l’autre se dit l’instabilité, le flottement du qualificatif « surréaliste » appliqué aux objets concrets, en cette des années 1930. Les objets de la galerie Ratton sont-ils « surréalistes » par nature, le deviennent-ils sous l’effet du regard « surréaliste » porté sur eux?

A quel titre les objets « mathématiques », « naturels », « trouvés à interpréter », objets « d’Amérique » ou « d’Océanie », un grand tamanoir, une bouteille trouvée après l’éruption de la montagne Pelée, une fougère…sont-ils « surréalistes »?

Pour devenir « surréaliste » l’objet ne nécessite pas d’être fabriqué, il n’a à subir aucune métamorphose, aucune altération. Cette transsubstantiation surréaliste de l’objet s’éclaire de la définition du ready-made, « premiers objets surréalistes », telle que donnée par André Breton en 1938 dans le Dictionnaire abrégé du surréalisme. Le poète en fait un « objet usuel promu à la dignité d’objet d’art par le simple choix de l’artiste ».»
Didier Ottinger, «Exposition surréaliste d’objets, 1936», Extrait.

Ce dictionnaire-catalogue accompagne l’exposition «Le surréalisme et l’objet» présentée au Centre Pompidou à Paris du 30 octobre 2013 au 3 mars 2014.