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Demain vous n’y penserez plus

29 Avr - 05 Juin 2010
Vernissage le 28 Avr 2010

L’exposition, en résonance avec la 2ème Biennale de Rennes "Ce qui vient", réunit une dizaine d’œuvres qui (dé-)construisent l’histoire actuelle en mettant en doute ce qui est donné à voir.

Communiqué de presse
Oreet Ashery, Maja Bajevic, Rachel Papo, Vibeke Tandberg, Ana Torfs, Lidwien van de Ven, Laura Waddington
Demain vous n’y penserez plus

Le titre « Demain vous n’y penserez plus » joue sur l’ambivalence d’un futur qui se déduit d’un côté de l’événement et de l’autre de la natalité de l’action imprévisible, comme le souligne également Hannah Arendt: « L’événement illumine son propre passé mais ne peut jamais en être déduit».

Les œuvres exposées captent, et plus encore construisent, un présent qui se joue entre fiction et réalité, montrant, même là où elles dénoncent, que l’issue est incertain et qu’il faut qu’il le soit.

Car, parlant avec Jacques Derrida, «l’injonction nous divise en effet, elle nous met toujours en faute ou en défaut car elle dédouble le il faut : il faut se faire les gardiens d’une idée de l’Europe, d’une différence de l’Europe mais d’une Europe qui consiste précisément à ne pas se fermer sur sa propre identité et à s’avancer exemplairement vers ce qui n’est pas elle, vers l’autre du cap ou le cap de l’autre, voire, et c’est peut-être tout autre chose, l’autre du cap qui serait l’au-delà de cette tradition moderne, une autre structure de bord, un autre rivage.»

Cette ouverture envers un autre geste, l’acceptation de l’indispensable de la natalité des actions, comprend alors l’altérité comme condition sine qua non dans la construction conceptuelle d’un futur. Les œuvres exposées invitent ainsi à un déplacement du regard et de l’attitude, montrant aussi que la représentation s’avère toujours être construite et que l’altérité constitue une catégorie d’exclusion de portée politique.

C’est en cela que l’exposition reprend le fil conducteur de la précédente « D’ailleurs I Won’t Play Other to Your Same » qui se tenait à la galerie Art & Essai en janvier-février 2009 et propose une réflexion sur le déplacement qui sera achevée par une troisième exposition en 2011.

Le déplacement s’entend ici physique d’abord à travers les migrations et voyages, témoignant de l’autre du cap dans les œuvres de Maja Bajevic Le Voyage, 2006 et de Laura Waddington Border, 2004, qui captent le déplacement liminal lors de l’exil où l’imprévisible se joue dans les deux registres de l’événement qui se produit et de l’action qui s’affirme. La migration est un passage par excellence entre passé et futur, constituant un entre-deux, dont le présent lui-même devient incertain.

Déplacement mental ensuite en procédant in fine à une modification de nos habitudes perceptives et comportementale dans les œuvres de Vibeke Tandberg Posthumous (Afermath), 1994, et de Lidwien van de Ven Isfahan, 14/10/2000, 2007, et de Damascus, Ommayad Mosque, 2007, qui déjouent le regard occidental sur l’aide humanitaire et la société musulmane, en déconstruisant, par la ruse dans la première, par la confusion dans la deuxième, nos certitudes occidentales.

Déplacement conceptuel enfin par le transfert normatif des valeurs de jugement dans les œuvres de Oreet Ashery Oh Jerusalem, 2003, et de Rachel Papo Serial Number 3817131, 2004, qui dévolent les identités nationales, féminines, religieuses devant la toile de fond du conflit, sous-entendu, au Proche-Orient.

Comme pour la fille dans l’œuvre d’Ana Torfs Retour aux sources, 2003, qui tient son feutre sur les pages blanches d’un livre, rien n’est encore écrit, le devenir, en dépit du titre, s’ouvre sur la potentialité de l’action imprévisible. Nos regards formatés, nos projections d’un avenir guident nos actes, certes, mais ne laissent pas prévoir ce qui vient.

L’imprévisible peut se produire, peut orienter nos actes sur un autre cap, nous faire avancer sur l’autre du cap, inventer un autre geste. Ainsi, il n’y a de vérité que dans ce qui se projette sur nos murs de certitudes – Ana Torfs Toast, 2003 -, mais, de toute façon, demain vous n’y penserez plus.

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