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De l’Art comme résistance à l’implication politique

A une époque où l’opinion de chacun s’oppose à celle de tous, l’art est un refuge, le lieu d’une absence totale d’implication civile. Mais plus encore qu’un refuge, l’Art ne serait-il pas une résistance aux préoccupations de la cité, une résistance à l’implication politique? Pour y répondre, Maxence Caron convoque Philippe Muray, Glenn Gould, Rousseau, Wagner et Saint Augustin.

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Présentation
Maxence Caron
De l’Art comme résistance à l’implication politique

Obsédée par l’opinion de chacun, l’époque veut absorber l’art dans ses débats. Mais le principe de l’art résiste aux préoccupations de la cité. Se tenant dans ce que Rimbaud nomme «le dégagement rêvé», l’art est le lieu d’une absence totale d’implication civile.

Ce livre est un traité De l’art; conçu comme une odyssée, il progresse en sept étapes. La première, à travers l’analyse des slogans partisans, établit la vacuité d’une psychose volontaire: la relation au politique. En rupture avec cette maladie, les étapes suivantes sont les cinq degrés de progressive élévation dans la relation que l’artiste entretient avec l’art. Les figures symboliques de Ph. Muray (dont on lit pour la première fois le Journal intime), de Wagner, de Rousseau, de Glenn Gould et de Saint Augustin permettent à cette odyssée hors de l’implication civile de déployer la richesse de son sens. L’étape finale est l’expression directe du Poëme qui se tient au cœur de l’art: un chant de solitude. Ici, on ne parle pas extérieurement de l’art, on le fait. Et l’œuvre vient couronner la pensée de l’œuvre.

«Même si les nombreux bafouilleront le contraire, théoriquement et pratiquement il n’y a pas de place pour l’artiste chez les populaires, car l’artiste est l’homme individuel et non collectivement productif; tout son art est soumis à la temporalité du génie, qui n’est pas celle de la collectivité. Dans la temporalité propre à l’art, tout indique à la collectivité politique que l’artiste est un oisif, et l’oisif est objet d’ostracisme qui «ira loger ailleurs».

L’ère des foules est donc celle de la grande solitude d’art, mais dès toujours l’artiste fut en soi, ontologiquement, en dépit de certaines implications contingentes, l’homme de la désimplication civile, politique et familiale, car l’Etat, dont la forme la plus scabreuse et folâtre apparaît avec l’ère pandémocratico-totalitaire, requiert une temporalité, une fidélité et un attachement qui sont le contraire de l’indépendante maturation dont l’art se nourrit. Beaucoup se demandent pourquoi il n’y a pas d’artistes “de gauche” c’est-à-dire impliqués dans l’étatisation croissante de la société moderne et dans son systématique arasement, pourquoi les artistes véritables, ceux qui demeurent, ont toujours plus de sympathies, sans s’y engager, envers les courants dont le discours est moins étatique, moins politique, moins hypocritement «subventionné»: la réponse est donnée à même la formulation du questionnement. L’artiste véritable est hors-politique. S’il prend la parole, ce sera dans des cadres où l’étatisme est le moins présent. Combien d’artistes prirent la parole pendant la Révolution française? C’est la période de l’histoire de France où pour la première fois le pays se trouve privé d’art, jusqu’à ce que se révèle Chateaubriand dix ans plus tard.»
Maxence Caron

Sommaire

— Préface
— Introduction: Que de fréquenter la société d’autrui est une faute
— Chapitre I: Du mauvais goût comme psychose volontaire
— Chapitre II: Ultimum latet – L’éthique solitaire de Ph. Muray
— Chapitre III: D’Elsa en Isolde, une quête sous-terraine de la sagesse célibataire
— Chapitre IV: Vitam impendere vero: la solitude pure résistance
— Chapitre V: Ermite et démiurge: l’artiste libre de toute implication civile
— Chapitre VI: Au cœur du Verbe, rendre à ses arts
— Envoi. Le Chant de la Solitude