ART | EXPO

De la nature des choses

13 Nov - 24 Jan 2015
Vernissage le 13 Nov 2014

Les quatre artistes présentés dans cette exposition invitent le spectateur à s’élever vers les sphères de l’expérience empirique et métaphorique du monde. Ainsi motivés par l’astronomie, la physique, la biologie, et par leurs potentialités, ils nous rappellent à quel point «la nature des choses» est à la fois simple et complexe, sensible et impalpable.

Nils Guadagnin, Pierre Grangé-Praderas, Irwin Marchal, Simon Rulquin
De la nature des choses

Dans l’interminable variété des éléments qui composent notre environnement, la simplicité brute, infime et spontanée de certains évènements donne à penser, de manière presque involontaire, la mécanique complexe et contingente des réalités matérielles qui nous entourent.
Parfois, dans quelques rares moments de rêverie diurne, nous nous surprenons à contempler le jeu hypnotique des particules de poussière que les rayons de soleil matinaux, passant par la fenêtre, mettent en évidence. Leurs états de suspension, leurs déplacements parfois contradictoires, leurs propensions à évoluer dans l’aléatoire, ne répondant qu’aux ondes de quelques mouvements d’air fortuits, tendent à forcer la spéculation quant à la provenance et au devenir de cette matière usée. D’autre fois, levant le nez vers la voute céleste apparemment immobile et éternelle, nous ressentons l’univers bouger. Nous percevons, sous nos pieds collés au sol, le feu ardent des forces telluriques et au-dessus de nos têtes, la perpétuelle rotation gravitationnelle de ces lumières lointaines.

Nous sentons alors que le monde est là, qu’il se donne, non pas comme une image répétée à l’excès ni même comme un petit carré de pelouse bien entretenu, mais comme la force à la fois tranquille, sauvage et hasardeuse qu’il est. Ce que l’on appelle de manière générique «les phénomènes naturels», semble parfois offrir à l’esprit attentif et créateur un spectacle fort stimulant.

Aussi, loin de rester dans une attitude passive devant ces éphémères spectacles, face à ces vertigineuses sensations, les quatre jeunes artistes présents dans cette exposition usent du dynamisme et de l’énergie de cette activité physique et métaphysique, afin de mettre en place des productions artistiques régies par leurs propres lois. Que ce soit par des procédés proches de l’alchimie, par des dispositifs d’étude liés à l’organisation du vivant, par l’emploi du magnétisme ou encore par l’évocation fantasmée de théories scientifiques, ils invitent notre regard et notre réflexion à accomplir un décalage, à développer un questionnement, à s’élever vers les sphères charmantes de l’expérience empirique et métaphorique du monde.

Ainsi motivés par l’astronomie, la physique, la biologie, et par leurs potentialités comme matière à penser, objets théoriques et terrains de jeux, Pierre Grangé-Praderas, Nils Guadagnin, Irwin Marchal et Simon Rulquin empruntent les routes bigarrées de la pensée pour mettre en tension nos évidences et nous rappeler à quel point «la nature des choses» est à la fois simple et complexe, globale et particulière, sensible et impalpable.

Nils Guadagnin tire son vocabulaire plastique de phénomènes physiques et naturels qui échappent à notre entendement. L’œuvre Hanging Stones s’inspire du site Stonehenge qui signifie «pierres suspendues» en proposant une analogie formelle et une réinterprétation spatiale de cette structure. Son travail invite le spectateur au trouble sensoriel et à la perturbation physique par le biais du vide et de la lévitation.

Les dessins de Pierre Grangé-Praderas sont comme des flux de la pensée, ponts incessants entre réflexion technique, poésie, langage et psychanalyse. Il est aussi invité par le CAPC depuis deux ans pour développer un projet de ruches expérimentales La Mine, à travers lequel il développe un système de capteurs connectés à internet qui permet de récolter des informations sur l’activité des abeilles.

Fasciné par l’imaginaire et l’imagerie scientifique, Irwin Marchal fantasme les espaces infinis de la galaxie pour tenter de représenter l’irreprésentable. Ces installations sont souvent des espaces immersifs dont la structure imposante s’efface devant la légèreté d’un instant poétique. Ici l’horizon des événements fait cohabiter des papillons vivants à une représentation subjective du big bang.

Dans un questionnement sur la peinture et résultant d’un processus proche de la performance, les Å“uvres de Simon Rulquin présentées à l’exposition sont des expérimentations issues de détournements de techniques industrielles, de savoir faire artisanaux et d’expériences liées aux forces et éléments de la nature (feu, eau, gravité). Les motifs tirés de cette fusion des matériaux jouent avec les formes de l’aléatoire et rendent hommage aux figures de la physique, de la matière noire, mais aussi aux références du sublime dans l’histoire de l’art.

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