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Davide Balula, Stomach rainbow

Doté d’une capacité d’enquête impressionnante, Davide Balula s’intéresse aux technologies, aux processus biochimiques et physiques, et enfin à tous les phénomènes aux limites de la raison. Acouphènes, plantes, insectes ou sectes, il approfondit ses sujets comme préalables à ses œuvres, dans une pratique documentaire devenue le terreau de son imagination.

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Davide Balula, Stomach Rainbow

Ses œuvres « troubles » se jouent des systèmes normatifs et inversent les rapports d’usage entre les éléments. Par là, elles relativisent connaissance et résultats de la perception. Davide Balula utilise les progrès de la science pour produire un nouveau savoir sur le monde, un savoir sans nostalgie ni regret par rapport à l’époque des grandes utopies. Relevant d’un relativisme ironique, s’amusant des possibilités de troubler les règles du jeu, il opère des connections inattendues, comme à travers son œuvre troubles, une impression pigmentaire d’après un site web dégénérescent après chaque visite.

La question qui traverse l’œuvre entier est celle-ci : le monde existe-t-il bien comme on nous l’a décrit ?
Certains ont cru au XXe siècle y arriver. L’irruption de la théorie quantique dans la science du début du XXe siècle par des physiciens comme Max Planck et Niels Bohr a modifié la donne : bombe atomique, révolution informatique et lasers s’en sont suivis…

On a cru par la suite qu’un modèle unifié allait faire fusionner la relativité générale d’Einstein et la mécanique quantique. Stephen Hawking l’a annoncé dans les années 80,jusqu’à sa conférence de 2004, où il a publiquement reconnu son impuissance. Entre-temps, beaucoup de questionnements ont vu le jour.
La remise en cause de la notion de temps a été, du point de vue de la science, l’événement majeur de ces trente dernières années. Certains scientifiques ont même forgé le concept de non-temporalité et de non-localité du réel. Le scientifique Brian Greene a été celui qui, bien que sa théorie des cordes n’ait trouvé aucune application permettant de prouver l’efficience de son système d’unification de la relativité générale et de la mécanique quantique, a popularisé ces découvertes.
Il fait partie de ceux qui remettent en cause la possibilité de se faire une idée claire du réel.

Davide Balula s’est engouffré dans la brèche, avec le naturel de ceux qui ont grandi avec les progrès technologiques, sans angoisse face à ces incertitudes, sans spéculer sur les conclusions de la mécanique quantique par rapport à la nature du réel, mais jouant du potentiel esthétique de l’ignorance actuelle. Il fait en effet partie de cette génération d’artistes nés à la fin des années 70, actifs dans les années 2000, qui vivent avec une connaissance technologique extrême, parallèlement à un voilement du réel, et à la nécessité quil faudrait un nouveau Copernic pour nous tirer d’affaire.

En somme, il appartient à une nouvelle ère, où la question n’est plus tant celle du sujet- défiguré ou entier, là n’est plus la question – que celle de la nature du réel lui-même.