ART | EXPO

David Adamo, Ania Soliman

06 Mar - 02 Avr 2010
Vernissage le 06 Mar 2010

Dans ses expositions, David Adamo compose de grands ensembles où sont réunis des objets hétéroclites qui nous sont familiers, si ce n’est qu’ils ont subi quelques modifications. Dans ses dessins, montages et textes, Ania Soliman explore les implications politiques de l’image.

David Adamo, Ania Soliman

La pratique de David Adamo englobe la sculpture, l’installation, la vidéo et la performance. Dans ses expositions, il compose de grands ensembles où sont réunis des objets hétéroclites qui nous sont familiers, si ce n’est qu’ils ont subi des modifications.

Au sein d’une même installation, se côtoient des objets qui convoquent des sentiments contradictoires: certains sont symboles de violence (batte de baseball, hache, arc) alors que d’autres renvoient au plaisir, ou, par opposition, à une culture dite «raffinée», celle de la musique, de la danse ou du théâtre (instrument de musique, chaussure de bal, scène).

Mais, même les objets a priori durs ou agressifs appellent des sentiments ambigus. Ils ont été neutralisés par l’artiste, perdant ainsi leur fonction première. Les manches ou les corps de ces instruments et outils (ici des cannes en bois et des masses) ont été sculptés, évidés jusqu’à la brisure pour ressembler finalement à de maigres os. Les copeaux de bois sont déposés à terre, renvoyant ainsi à une performance qui n’a jamais eu lieu.

Entouré de ces différentes sculptures qui fonctionnent à la manière d’un rébus, le spectateur est invité à une expérience synesthésique, il doit tisser du sens entre les différents éléments, imaginer des images et des sons. Tout le travail de David Adamo est traversé par une qualité performative et une poésie de l’absence. Face à ses œuvres et à leur possibilité latente, le spectateur se doit de reconstituer un avant et d’inventer une histoire au présent.

Dans ses dessins, montages et textes Ania Soliman explore les implications politiques de l’image. Elle exploite volontiers les ressources de l’Internet, se nourrit de culture populaire ou puise dans son propre «multiculturalisme» (étant fille d’une mère polonaise et d’un père égyptien, et ayant grandi entre l’Irak, l’Europe et les États-Unis).

Pour sa très remarquée exposition «Biohazards» au Drawing Center à New York en 2000, l’artiste avait travaillé sur les effets du développement des nouveaux virus et leur représentation dans les médias. Prenant pour point de départ des images d’un documentaire intitulé End of the earth: Killer Virus diffusé sur Discovery Channel, elle avait réalisé quatre très grands dessins au pigment et à la cire dépeignant chacun une scène du film, dont les funérailles d’une victime du Sida en Afrique.

À Paris, Ania Soliman montre l’installation exposée en ce moment à la Whitney Biennial, Natural Object Rant: The pineapple (La diatribe de l’objet naturel : l’ananas), 2007-2010, composée de vingt-six montages digitaux, correspondant aux vingt-six lettres de l’alphabet, accompagnés du même nombre de textes. Dans chaque montage, deux photographies trouvées sur Internet sont superposées pour créer une lettre de l’alphabet. Toutes les images représentent un ananas, ou évoquent son rôle dans l’histoire coloniale et dans l’agriculture industrialisée.

«J’ai choisi l’ananas parce que c’est un objet extraordinaire, il occupe une place centrale dans les relations avec les colonies (notamment l’annexion d’Hawaï, dans l’histoire des États-Unis). Ce fruit est longtemps resté une denrée de luxe en Europe. Pratiquement impossible à cultiver en dehors de la zone tropicale, difficile à transporter, il incarnait l’extension coloniale du pouvoir royal.»

Ces montages sont accompagnés de textes conçus sur le principe du monologue intérieur. Pochettes d’album, récits historiques, rapports économiques et données scientifiques alimentent l’installation, introduisant des points de vue différents, souvent formulés sur un ton polémique.

«Ce travail repose entièrement sur les propriétés classificatoires de l’Internet et sur la façon dont les recherches par mots-clés dans les bases de données, alphanumériques ou iconographiques, provoquent des regroupements d’images et de textes disparates.»

«Les textes et montages photographiques sur le thème de l’ananas pourraient constituer une espèce d’autoportrait bizarre de mon métissage multiculturel postcolonial.»

critique

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