ART | EXPO

Dark Continent

09 Jan - 13 Mar 2010
Vernissage le 09 Jan 2010

Les oeuvres de Johan Creten semblent échappées des fables, contes et merveilles symbolistes. Elles empruntent à la fois aux grottos de la Renaissance, où règne une Nature artificielle, au maniérisme d’Arcimboldo et de Bernard Palissy mais aussi aux cabinets de curiosité.

Johan Creten
Dark Continent

La Galerie Emmanuel Perrotin (10, impasse Saint-Claude) présente l’exposition « Dark Continent » qui réunit un ensemble d’oeuvres monumentales inédites, du 9 janvier au 13 mars 2010. Le titre de l’exposition inspiré de la célèbre formule de Freud révèle toute la complexité de l’univers de Johan Creten. La Femme et ses circonvolutions fascinent l’artiste. Elle s’incarne sous les traits de la reine mère nourricière ou dévorante, créatrice ou destructrice.

Johan Creten découvre la force cachée de la terre derrière l’apparente fragilité de la céramique. Il privilégie cette technique polymorphe dès 1984 et développe l’art de la métamorphose. L’artiste utilise, notamment pour les oeuvres de grand format, la technique du bronze à la cire perdue ou le grès émaillé – qu’il avait déjà explorée pour l’exposition « Contrepoint 2 » au Louvre en 2004 – afin de retrouver la finesse des plis de la terre.

Les oeuvres de Johan Creten semblent échappées des fables, contes et merveilles symbolistes. Elles empruntent à la fois aux grottos de la Renaissance, où règne une Nature artificielle, au maniérisme d’Arcimboldo et de Bernard Palissy mais aussi aux cabinets de curiosité qu’il réactive lors de son exposition très remarquée en 2008 au Musée de la Chasse et de la Nature.

Le Rocher (2010) de la série « Odore di Femmina » renoue avec un motif récurrent depuis 1986, celui de la femme fleur. Cet immense buste de 2m 75 de haut, une tonne de bronze à la patine noire formée d’une multitude de fleurs suggérant des vulves, trône à l’entrée de la Galerie.

Invitant à la contemplation, cette sculpture porte en son sein une ruche en bronze dorée pouvant recevoir un essaim vivant. Comme un fruit généreux et bourdonnant elle se montre désirable et inaccessible.

Le Génie (2009) un ectoplasme semble s’échapper d’un socle ovoïde après que celui-ci a été « frotté-touché », comme le génie des Mille et un nuits. The Collectors, (2008-2009) figurent trois écureuils énigmatiques en grès émaillé d’une hauteur exceptionnelle (2m), réalisé avec le soutien du European Ceramic Work Center aux Pays-Bas, tels des caryatides masculines, ou des dieux égyptiens. Forts d’une sagesse millénaire, ils tiennent ou offrent aux visiteurs des objets précieux.

The Cradle
(2009) reprend le modèle des couffins en osier présents dans la peinture des Primitifs flamands. Ici, l’objet en bronze doré signifiant une sorte d’alcôve ou de croix christique/de la passion surmonte un socle phallique et iconoclaste. Ce trompe-l’oeil d’une grande prouesse technique révèle les préoccupations de l’artiste pour l’intime, les liens familiaux et le destin individuel.

Dans I am a Good Horse on a soft Brick (2005-2009) une femme aux courbes voluptueuses, divine et sensuelle, chevauche une forme rappelant les lingam hindouistes, symbole de l’union des puissances féminines et masculines.

Les oeuvres murales évoquent par leurs formes et leurs émaux irisés et chatoyants les fonds marins ou des vulves surdimensionnées dont Dark Continent.

L’art baroque et brutal de Johan Creten, tel des vanités, dévoile de manière allégorique, les sentiments humains à travers le monde végétal et animal.

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