Ismaïl Bahri

Ismaïl Bahri

Ismaïl BAHRI — né en 1978 à Tunis (Tunisie). Vit et travaille à Paris (France), Lyon (France) et Tunis.

Ismaïl Bahri est un artiste contemporain tunisien dont la pratique inclut vidéo, dessin, installation… Scrutant l’infra-mince, Ismaïl Bahri accentue les deux moments de la matière : le moment fluide (ondulatoire) ; le moment ponctuel (particulaires). Eau, lait, encre, foules, poussières, cendres… Au fil de ses œuvres se déploient dynamiques et mouvements. Avec sa pièce Source (2016), par exemple, c’est une feuille de papier blanc qui se consume lentement, à partir du centre. Le cercle d’incandescence s’étend progressivement. Laissant derrière lui de fragiles franges de cendres. Pour Film à blanc (2013), les vidéos ont été captées à Tunis, lors d’un cortège formé pour accompagner la dépouille d’un opposant politique, assassiné. Tandis qu’un cache blanc obstrue le centre de l’image, une fine frange de foule laisse deviner l’agitation. Actuellement, le travail d’Ismaïl Bahri est représenté par la Galerie Les filles du calvaire (Paris), la Selma Feriani Gallery (Sidi Bou Saïd, Londres), notamment.

Ismaïl Bahri : vidéo, installation, photographie, dessin… Entre phénomènes prédéterminés et singularités

Ismaïl Bahri a étudié à l’Institut des Beaux-Arts de Tunis (1996-2000). Puis à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, où il a effectué un Doctorat en Art et Science de l’Art (2002-2006). Vidéaste, dès 2008 il participe à de nombreux festivals et événements, tels Vidéoformes (Clermont-Ferrand) ; Videosalon (Sarajevo) ; Optica international festival of art (Gijon) ; Les instants vidéo (Marseille) ; Plektrum visual sound festival (Tallinn)… En 2011, il participe à l’exposition-résidence « Working for Change », dans le Pavillon tunisien, à la Biennale de Venise. Il y développe notamment Film (2011), vidéos de fragments de journaux découpés puis roulés, qui, lorsque déposés sur un bain d’encre noir, se redéroulent, mécaniquement. En 2012, la Galerie Les filles du calvaire organise sa première exposition personnelle, « Précipités ». En 2016, Ismaïl Bahri participe à l’exposition collective « Soulèvements », organisé au Jeu de Paume par le commissaire et historien d’art Georges Didi-Huberman.

Le mouvement des fluides et des particules (eau, lait, encre noire, lumière, vent, foule, cendres, poussières…)

En un sens, l’œuvre d’Ismaïl Bahri se situe entre deux paradigmes. Du point de vue de la physique classique, les phénomènes suivent des schémas prédéterminés. Mais du point de vue de la physique quantique, il est impossible de prédire le mouvement singulier de chaque particule. Avec les séries de dessins Écumes (2009) et Latence (2010), Ismaïl Bahri restitue les singularités des mouvements d’expansion et de rétractation de fines pellicules de lait. Coulée douce (2006-2016) est une installation qui met en lumière la dimension d’imprévisibilité du trajet de chaque goutte d’eau. Éclipses (2013-2014), Percées (2014-2015) et Foyer (2016) sont autant d’installations vidéos où le vent, aléatoire, conditionne ce qui est créé. Un aléatoire qui coïncide pourtant avec les lois de la dynamique des fluides. Foules, gouttes, embrassements, fissures… L’œuvre d’Ismaïl Bahri ausculte l’espace entre déterminisme et indétermination. En 2017, le Jeu de Paume lui consacre une vaste exposition personnelle, « Instruments ».