LIVRES

Collage. L’Invention des avant-gardes

Historique du collage dans les arts plastiques, de son «invention» par Picasso en 1908 à son utilisation par toutes les avant-gardes (cubisme, constructivisme, futurisme, dadaï;sme, surréalisme, pop art, contre-culture, etc.) jusqu’à aujourd’hui, comme élément de construction et de composition, autant que de subversion et de provocation.

— Auteur : Brandon Taylor
— Éditeur : Hazan, Paris
— Année : 2005
— Format : 22,50 x 28 cm
— Illustrations : 206, dont 91 en couleurs
— Pages : 224
— Langue : français
— ISBN : 2-85025-97-80
— Prix : 49 €

Présentation
Principale innovation du début du XXe siècle, le collage est une technique qui consiste à intégrer des matériaux divers – fragment de papier journal, morceau de tissu ou grains de sable – sur une surface plane, conférant ainsi à l’œuvre d’art un nouveau statut : celui d’ « objet ».La toile ou la feuille de papier devient un espace en trois dimensions jouant des volumes et créant une impression de relief. D’un support traditionnel à l’écran via l’informatique, ce livre montre en quoi ce procédé a séduit l’ère numérique et peut, sous une forme différente, ouvrir de nouveaux champs d’investigation.

On savait que l’année 1912 marqua un tournant décisif dans l’histoire de l’art avec deux artistes majeurs, Braque et Picasso, dont la fameuse Å“uvre cubiste Nature morte à la chaise cannée. On apprend – dès la première page du livre – que c’est en 1908 que ce dernier, âgé alors de 26 ans, réalisa quatre ans avant une Å“uvre étonnante en intégrant un bout de carton des Magasins du Louvre sur un dessin. L’art de peindre se joue alors des matériaux en créant sur le même support de nouvelles associations d’idées et d’images. Et c’est en quittant l’intimité de l’atelier – véritable laboratoire d’expériences – que cette technique va se répandre lors d’expositions, séduire et convaincre d’autres artistes et dépasser ainsi les frontières. Repris par les mouvements d’avant-garde comme le futurisme, Dada, le constructivisme, le surréalisme et le pop art, ce procédé va s’adapter en fonction des exigences et de la sensibilité de chacun : planches et morceaux de bois assemblés par Kurt Schwitters, superposition et répétition d’images chez René Magritte, romans-collages de Max Ernst, affiches déchirées de Mimmo Rotella, photomontages de Linder Sterling. L’intérêt de l’ouvrage est bien de définir les déclinaisons du collage à travers un siècle de création, en replaçant l’artiste et son oeuvre dans le contexte social et culturel de l’époque. Un parcours en texte et en image pour tous ceux qui s’intéressent à ce domaine.
Claire G./DR

Du jour où le jeune Picasso colla sur sa toile en 1908 un morceau de prospectus publicitaire des Magasins du Louvre (sans que l’on sache bien d’ailleurs si Braque ne l’avait pas précédé dans cette initiative révolutionnaire), un processus de création n’a cessé de travailler contre l’intégrité du tableau et de l’œuvre d’art tels qu’ils s’étaient imposés jusque-là.

Le collage s’est trouvé ainsi propulsé au cœur de l’art moderne et contemporain comme un agent de subversion des techniques de la peinture, des lois de la composition, des traditionnelles catégories du beau et du laid et, à certains égards, du statut de l’œuvre d’art.

Pourtant entre les tenants du cubisme, du dadaï;sme, du constructivisme, du surréalisme, du pop art et de la scène artistique plus récente, le collage ne s’inscrit pas, il s’en faut, dans la même stratégie. C’est l’intérêt de cet ouvrage de définir ses nombreuses déclinaisons, au plan strictement plastique d’abord, puis par le jeu des associations liées à l’expression de l’absurde, de l’inconscient, aux propagandes idéologiques, à la fois dans le progrès technologique mais aussi à la contre-culture ou à une vision conceptuelle de l’art dans laquelle ce dernier finit par être supplanté, à travers les mots, par l’idée.
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Hazan)

L’auteur
Brandon Taylor est professeur d’histoire de l’art à l’université de Southampton.