ART | INTERVIEW

Colette Barbier, Fondation Ricard

PPierre-Évariste Douaire
@07 Nov 2011

En quelques années, le Prix Ricard est devenu un gage de qualité. Il favorise l’émergence de la jeune scène française. Colette Barbier, directrice de la Fondation qui décerne ce prix tous les ans depuis 1999, revient sur son aventure.

Pierre Douaire. Depuis quand vous intéressez-vous à l’art?
Colette Barbier. Depuis toujours, me semble t-il!

Comment vous êtes-vous retrouvée à la tête de la Fondation d’entreprise Ricard?
Colette Barbier. Ricard cherchait une personne pour gérer à la fois un lieu et le mécénat artistique. L’approche dans ce domaine était balbutiante. Le soutien aux artistes était généreux, mais le suivi sur la qualité était hétérogène. Connaissant mon intérêt pour l’art, la direction m’a proposé ce poste.

Comment est organisée la Fondation Ricard?
Colette Barbier. Dès l’origine, nous avons choisi de nous entourer de professionnels du monde de l’art et de collaborer avec les institutions. Notre ligne éditoriale est très claire. Elle consiste à soutenir la jeune scène française, les artistes de moins de quarante ans travaillant en France. Pour être retenus, il faut que ces créateurs prometteurs soient connectés à leur environnement, qu’ils puissent se faire l’écho des changements de notre société et qu’ils soient à l’écoute de leur époque. Le regard de jeunes commissaires d’exposition est très important pour découvrir cette scène émergente. Ils sont les mieux informés pour déceler les nouveaux talents.

A quand remonte l’idée d’une Fondation Ricard pour l’art contemporain?
Colette Barbier. Paul Ricard a toujours soutenu les artistes de son époque. Diplômé des Beaux arts, c’est naturellement qu’il s’est tourné vers eux. Pour la Fondation d’entreprise Ricard, l’aventure a vraiment débuté avec le lancement du Prix Ricard en 1999.

Le Prix Ricard est une référence, au même titre que le prix Marcel Duchamp.
Colette Barbier. Nous avons créé ce prix en 1999, à une époque où il y avait très peu de prix, avant même le Prix Marcel Duchamp. Nous avons été soutenu dans cette démarche par Catherine Francblin, commissaire de la première exposition de ce prix, et par Alfred Pacquement, directeur du Musée national d’art moderne au Centre Pompidou. Nous offrons à ce prestigieux musée une œuvre que nous achetons au lauréat du Prix Ricard.
Dix ans plus tard, en 2009, les dix lauréats ont fait l’objet d’une exposition au Centre Pompidou. Cela a vraiment été une reconnaissance pour notre Fondation. Notre vision et nos efforts ont été salués par le monde de l’art. Le ministère de la Culture nous a d’ailleurs décerné le titre de «grand mécène».
Notre engagement auprès de la jeune création n’est pas un effet de mode. L’action de la Fondation s’inscrit dans l’histoire de Paul Ricard, le fondateur de notre entreprise. Nous poursuivons son engagement et son engouement pour l’art de notre époque.

Comment participez-vous à la FIAC?
Colette Barbier. Depuis 5 ans, nous invitons de jeunes curators internationaux à visiter la FIAC mais également les institutions parisiennes où l’on peut découvrir de jeunes artistes. Ce programme YCI permet à de jeunes artistes de la scène française d’être vus par des professionnels qui pourront plus tard leur proposer d’exposer à l’étranger. Cette année, l’Institut Français s’est associé à ce programme.
Nous sommes également partenaire du Cinéphémère, cette mini salle de cinéma installée dans le jardin des Tuileries qui propose en accès libre une sélection de films d’artistes.

Votre politique encourage surtout la jeune scène française.
Colette Barbier. La Fondation Ricard est un lieu dédié à l’art qui se crée en France et il est reconnu par les professionnels. C’est à la fois un nid pour les jeunes talents, un espace d’expression, une «Ruche». Avoir une exposition chez nous constitue un vrai tremplin pour les jeunes artistes car les professionnels sont attentifs à notre programmation.

Existe-t-il des partenariats avec l’entreprise Ricard?
Colette Barbier. Il faut prêter une grande attention à ne pas mélanger les genres. Il faut bien distinguer la Fondation de l’entreprise et le marketing de la société Ricard. En revanche, nous pouvons favoriser des collaborations, comme récemment avec Stéphane Calais, Ida Tursic et Wilfried Mille.

Quel bilan tirez-vous de votre action à la tête de la Fondation Ricard?
Depuis plus de dix ans, nous accompagnons et nous suivons la jeune scène française. Nous sommes devenus un intermédiaire précieux entre les professionnels de l’art et les artistes. Ces derniers le savent bien. Nous sommes médiateurs et prescripteurs. Nous intervenons pour soutenir les jeunes artistes à tous les niveaux de la chaîne de création, de la production à la diffusion. Nous sommes fiers de ce que nous avons fait mais restons à l’écoute de ce que nous devons faire! D’ailleurs, depuis peu, vous pouvez télécharger l’application iPhone de la Fondation: elle vous permettra de connaitre notre programme mais surtout vous pourrez l’utiliser pour suivre l’actualité des galeries parisiennes, en particulier celle du collectif «Galeries mode d’emploi».

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