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Clarisse Doussot. C_Lux

Des photographies d’objets simples (boîtes, cartons, emballage plastique, polystyrène), d’où émane une lumière colorée artificielle prise dans un cadre naturel. Un quotidien qui devient surréel mais sans trucages.

— Éditeurs : Galerie municipale Édouard-Manet, Gennevilliers / Filigranes éditions, Trézélan
— Année : 2003
— Format : 17 x 23 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : non paginé
— Langue : français
— ISBN : 2-914381-70-0
— Prix : 15 €

Lire l’article sur l’exposition de l’artiste à la galerie Édouard-Manet

Figurez-vous
par Éric Duyckaerts (extrait)

Les œuvres photographiques de Clarisse Doussot sont claires et distinctes. Quand Descartes arrête de nous balader dans ses cauchemars spéculaires, il dit ne vouloir garder que les idées claires et distinctes. C’est un critère. Les œuvres photographiques de Clarisse Doussot sont-elles cartésiennes pour autant ? Certainement pas : elles ne donnent aucune certitude.

Les artistes, même s’ils écrivent beaucoup, le font rarement à propos de leurs pairs vivants. Vous avez peut-être observé que les gens qui écrivent rarement sur des artistes vivants ont tendance à faire peser sur l’artiste qu’ils commentent tout ce qu’ils aiment dans l’art. Je pourrais dire que les œuvres photographiques de Clarisse Doussot nous disent tout de la photographie. Dans un sens, c’est vrai: je ne connais pas de photos plus photographiques que les siennes.

Mais je m’interdis de faire peser sur Clarisse Doussot tout ce que j’aime dans l’art de la photographie. Parfois je lui pose des questions techniques — c’est pure attitude amicale de confrère. N’allez pas vous méprendre: je sais et j’ai toujours su que Clarisse ne trafique pas ses photos. Quand je l’interroge, c’est pour apprendre autre chose. Par exemple, le positif et le négatif. Elle en joue comme d’autres jouent du violon. Si elle répond à mes questions techniques, c’est un peu « tout le monde peut le faire ». Et on sait bien que ce n’est pas vrai.

Un propos mieux construit que celui-ci se devrait, je crois, de prendre à nouveaux frais la question « contenant/contenu » très présente dans beaucoup de photos et depuis longtemps. Je pense aux photos d’emballages. Les contenants valent tout seuls, les contenus brillent par leur absence dérisoire, sauf dans les titres. Tout cela assez rusé somme toute. De sorte qu’une tentative d’y mettre de l’ordre se transforme en retournements incessants. Non, finalement, je préfère me tenir à ce que j’ai dit plus haut, les retournements virtuoses sur « négatif/positifs » sont peut-être plus près de ce qui se passe ici.

(Texte publié avec l’aimable autorisation de la galerie Édouard-Manet)

L’artiste
Clarisse Doussot est née en 1971 à Chalon-sur-Saône, France. Elle enseigne à l’école supérieure des beaux-arts de Tours.