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Chip Foam

10 Oct - 14 Nov 2009
Vernissage le 10 Oct 2009

Le travail de George Henry Longly met en exergue les qualités physiques ou chimiques des objets du quotidien. Il confronte le visiteur à des choses qui semblent familières mais dont l’histoire n'a pas encore été contée. Ensemble, ils apparaissent comme des codes, des reliques ou des fragments de quelque chose en partie perdu.

Communiqué de presse
George Henry Longly
Chip Foam

La galerie Chez Valentin présente la première exposition personnelle du jeune artiste britannique George Henry Longly à Paris. Né en 1977, George Henry Longly est diplômé du St Martin’s college depuis 2005. Il a réalisé plusieurs expositions personnelles notamment à la galerie Dicksmtih à Londres, à la galerie Luettgenmeijer à Berlin et également à la galerie Barbara Kaufmann à Zurich avec Ryan Gander en 2006. Au travers de ses installations George Henry Longly compose un univers minimaliste mettant en jeu des matériaux simples en les confrontant à l’espace.

Le travail de George Henry Longly se définit par des volumes. Ces volumes se mêlent de manière diffuse à l’air et à la lumière. Ils sont à la fois solides, en partie optiques, concrets et immatériels, difficiles à contenir ou à mesurer. Ils nous plongent dans des environnements paradoxalement figés et éphémères. Ces volumes «immatériels» auraient pu être des produits ou des sous-produits de la révolution industrielle du XIXe. La littérature victorienne abonde de descriptions sur l’air et l’atmosphère dans les campagnes «industrialisées». Elles illustrent les changements liés à la révolution industrielle et à ses nouveaux modes de production.

En visitant Londres en 1824, l’écrivain écossais Thomas Carlyle décrit, couvrant la ville d’Holborn, un nuage de vapeur noir comme de l’encre. Charles Dickens, dans Bleak House (1852), dépeint une bruine sombre et molletonnée, chargée de flocons de suie aussi gros que des flocons de neige sur les champs de Lincolns Inn Fields. Dans Hard Time, un roman qui se déroule à Coketown, Charles Dickens y décrit également les interminables serpents de fumée, le canal noir aux flots violacés et nauséabonds. Il dépeint une ville au ciel noirci par les fumées des usines: ce brouillard de charbon révélant à lui tout seul l’existence de la ville.

Par moments, la lumière du jour était si faible que d’autres sources d’éclairage étaient nécessaires. Ainsi la pollution industrielle précéda-t-elle l’apparition de l’électricité et de son confort. Dès 1661, le pamphlet Fumifugium de John Evelyn, héritier des grandes poudreries, avait engagé un débat sur l’environnement. En 1884, le critique d’art John Ruskin fait des prophéties sombres dans The storm-cloud of the nineteenth century sur ce nouveau fléau, un nuage obscurcissant totalement la lumière du jour des villes industrielles anglaises.

D’après l’historien Lewis Munford, les conditions environnementales à l’ère industrielle dénaturaient le goût et les sens. On avait dit de la même manière des pré-raphaélites ou des impressionnistes qu’ils utilisaient une palette de couleur contre nature et inartistique. Dans ces grandes villes «paléotechniques» avec leurs mines de charbon et leurs usines d’acier, l’air était tellement saturé de fioul que la population préférait la nourriture en conserve aux produits frais, pourtant disponibles en quantité. Les citadins doutaient alors de leur capacité à distinguer les produits périmés.

L’esthétique industrielle du travail de George Henry Longly est très éloignée de cette époque. Les surfaces brillantes, les lignes épurées et les couleurs choisies apparaissent autant comme des traces de manufacture. Les matériaux résolument «inorganiques» qu’il utilise, s’apparentent plutôt à la transparence des laboratoires du XXe qu’aux aciéries du XIXe siècle. Les blocs de mousse agglomérée ou les tablettes de plâtre mélangées à de la peinture en poudre agissent comme des nuanciers aux couleurs pastels. Les découpes d’Artex et les bombages de peinture laquée déterminent encore d’autres couleurs et textures «synthétiques».Le travail de George Henry Longly traduit d’une sensibilité domestique et contemporaine mettant en jeu des matériaux manufacturés et leurs idéaux implicites.

La perfection mécanique du travail de George Henry Longly et les opérations qui s’en suivent répondent bien à cette recherche. Les objets occupent l’espace de la galerie comme des éléments de science-fiction, présentés dans des dispositifs quasi-muséaux qui sembleraient suggérer qu’ils appartiennent à une autre époque. Les éléments de ses compositions sont traités comme des particules en mouvement. Les matériaux solides sont perforés, partiellement transparents. Les surfaces sont opaques et translucides. Les formes sont découpées par la lumière, dessinées par des ombres. La sculpture peut être un moulage de poussière de plâtre, bombée à la peinture aérosole. Tout semble mobile, soluble, susceptible de tout mouvement ou de toute translation.

Le travail de George Henry Longly met en exergue les qualités physiques ou chimiques des objets de notre quotidien, désamorçant ainsi l’approche utilitaire que nous en avons. Nous sommes confrontés à des choses qui nous semblent familières mais dont l’histoire ne nous a pas encore été contée. Ensemble, ils apparaissent comme des codes, des reliques ou des fragments de quelque chose en partie perdu.

critique

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