ART | EXPO

Caillebotis, pylônes, thorax, Y…

29 Jan - 26 Mar 2005

Matériaux de constructions éphémères, culture des raves et des festivals et tatouages font partie de ses sources d’inspiration. Deux installations simulent une utilité perdue en passant les portes de la galerie: les barres de construction en bois et les pylônes avec leurs assises en béton. L’installation des sculptures (sexuées?) en cuirs soulève la question du rapport entre la forme et la fonction. Et, les linogravures s’inspirent du vocabulaire formel des tatouages.

Fabrice Gygi
Caillebotis, pylônes, thorax, Y…

Lors d’une discussion relative au choix des œuvres présentées dans sa récente exposition au MAMCO à Genève, Fabrice Gygi raconte comment, pris dans un embouteillage sur une autoroute, il avait été émerveillé par la beauté des camions –et notamment la manufacture soignée des bâches et des sangles. Il s’en est aussitôt inspiré pour réaliser lui-même les Colonnes en bâche blanche (1993), puis d’autres sculptures en bâche cousue. Depuis, ces matériaux sont entrés dans son vocabulaire sculptural. L’interrelation des «peaux» établie : la peau de l’homme, la peau protection (choisie), la peau prison (imposée).

Pour le visiteur qui découvre les œuvres de Fabrice Gygi, le choix précis des matériaux et le soin des détails saute aux yeux. Il est pris par la même envie de toucher, de caresser chaque élément, comme l’on est tenté de toucher une carrosserie bien galbée, ou une peau lisse. Tout en se rendant compte que ces objets ambivalents traduisent une sensibilité à fleur de peau, une lucidité et une violence en constant éveil.

Pour sa quatrième exposition personnelle à la galerie, Fabrice Gygi présente quatre nouvelles sculptures au rez-de-chaussée, ainsi que des nouvelles séries de linogravures.

Caillebotis, 2004
Cette sculpture à géométrie variable décline la tension structurelle entre le cadre rigide en acier de la grille, ou caillebotis, et la mobilité, la flexibilité des barres de bois. Barricade en sommeil, ou jeu d’adresse démesuré pour enfants.
Pylônes, 2004
Trois pylônes élancés, éléments en croissance dans le paysage urbain. Présences porteuses et protectrices ou insolemment agressives, selon notre rapport avec elles.
Thorax, 2004
Une pince à cheveux géante suspendue à une poulie coulissante le long d’une poutre, à moins que ce soit une carcasse ? Ou encore les bras d’une grue, prête à déblayer après un quelconque désastre.
Y…, 2004
Trois figures en cuir cousu, sanglées pour être suspendues ou attachées. Formes court-circuitées, allégoriques, présentes dès les premières civilisations pour signifier le masculin/féminin. Mais aussi punching-ball re-dessinés pour des fonctions encore à définir.

Les linogravures occupent une place constante et parallèle dans l’activité créatrice de Fabrice Gygi. Tirées à peu d’exemplaires (6 maximum), il les préfère aux dessins sur papier, à cause de l’entaille très douce et la constance du trait, à la manière des tatouages. Les sujets, toujours tendres quoique quelquefois ironiques, révèlent l’artiste dans ses pensées plus intimes. Des haïkus dessinés.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Vincent Gonzalvez sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

Fabrice Gygi

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