ART | EXPO

Brasilia / Chandigarh

15 Nov - 10 Jan 2009
Vernissage le 15 Nov 2008

Le film de Louidgi Beltrame explore deux villes, fleurons de l’architecture moderne : Brasilia et Chandigarh. Les personnages qui s’y meuvent, semblent écrasés par le gigantisme d’une architecture, montrée davantage comme une image, un dessin, plutôt qu’une surface habitable.

Louidgi Beltrame
Brasilia / Chandigarh

Brasilia et Chandigarh, deux capitales. D’un côté Brasilia, capitale administrative du Brésil construite par Oscar Niemeyer à la fin des années 50. De l’autre, Chandigarh construite peu ou prou simultanément par Le Corbusier en Inde.

Deux monuments du modernisme – et deux architectes- mis au service de deux gestes politiques forts qui assoient une indépendance post-coloniale et inscrivent une identité nationale dans une vision du futur.

A moins que ce ne soient, deux gestes politiques forts et deux territoires vierges, mis au service des thèses de l’architecture moderne ?

Car Brasilia et Chandigarh vont être l’occasion inespérée pour Niemeyer et Le Corbusier de développer et de mettre en application les grands principes de rationalisation de l’espace et des activités humaines chers au modernisme.

Voilà deux villes iconiques, donc, mises en jeu dans un film qui fait exposition. Avec Brasilia / Chandigarh, Louidgi Beltrame conçoit le film et son dispositif d’exposition, comme espace possible d’appropriation de la ville à travers les errances de trois personnages fictionnels.

Ces personnages – objets de présentation et vecteurs du déplacement – traversent un répertoire formel, entre paysage de ruines post-apocalyptiques, fantômes d’architectures, parc de sculptures et ville-monument vide.

Circulant hors du temps ou plutôt dans le “temps d’après” – celui d’après l’utopie réalisée -, ils révèlent une vision désactivée du rêve d’un futur à l’abandon.

Avec eux, le film se glisse dans le plan des deux cités. Deux dessins – celui de Chandigarh qui reprend “le plan de Jaipur en forme de Mandala” et celui de Brasilia en croix comme gestes fondateurs de la ville – viennent se superposer et s’imposer au scénario.

Et si la ville écrivait le film ? Rationalisation de la vie, organisations en secteurs, axe monumental, super quadras, le plan et sa grille marquent et démarquent le territoire en en devenant le sceau.

Comment s’approprier ce territoire conquis par la main de l’architecte ?

Les personnages, qui donnent l’échelle aux constructions, semblent écrasés par le gigantisme de l’architecture et de la ville-monument qui absorbe l’individu.

Et à la grille urbaine planifiée pourrait se superposer une seconde grille spectrale, en filigrane, faite des lignes de désirs inopérants de ses habitants absents.

Car le personnage, ou par extension le film, repoussé inéluctablement à la périphérie du plan “glisse sur la surface des choses, sur la surface de cette ville-image, ou plutôt sous la surface jusqu’à son effacement complet. Oui, je crois que c’est comme ça qu’il a avancé dans la ville. Son regard pris au piège des formes géométriques.”

Comment habiter une image ? Comment regarder une ville qui se regarde ? De ces images et cadres (photographiques) qui piègent le regard, Louidgi Beltrame soustrait un relevé minutieux, une cartographie objective.

Ainsi du dessin, le film, dans un mouvement irréductible retourne au dessin – dessin (dessein) corrosif – qui absorbe à son tour, dans son réseau de lignes, l’image d’architecture et le paysage géométrique jusqu’à sa presque disparition.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Sarah Ihler-Meyer sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

Brasilia / Chandigarh

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