ART | EXPO

Au-delà du réel

05 Fév - 23 Mar 2010
Vernissage le 04 Fév 2010

Qu’il s’agisse de photographie, de peinture ou de sculpture, chacun de ces artistes reunis ici nous livre une vision spécifique du réel, son «ressenti» pictural de la réalité, au travers d’une création qui s’écarte néanmoins de tout réalisme intrinsèque.

Valérie Belin, George Condo, Fabrice Hyber, David Mach, Bettina Rheims
Au-delà du réel

«Au-delà du réel» est une exposition de groupe organisée autour d’oeuvres nouvelles ou récentes de Valérie Belin, George Condo, Fabrice Hyber, David Mach, Bettina Rheims, dont la création artistique transfigure ou transcende la réalité et nous emmène bien au-delà du monde qui nous entoure… Qu’il s’agisse de photographie, de peinture ou de sculpture, chacun de ces artistes nous livre une vision spécifique du réel, son «ressenti» pictural de la réalité, au travers d’une création qui s’écarte
néanmoins de tout réalisme intrinsèque.

En utilisant les nouvelles technologies de l’image pour se détacher progressivement du caractère indiciel de la photographie, Valérie Belin privilégie dans ses dernières séries un traitement beaucoup plus libre du sujet. Dans les portraits antérieurs, comme ceux des Mannequins (2003) ou des Modèles (2006), le spectateur était amené à questionner la réalité, vraie ou fausse, des sujets photographiés. Aujourd’hui, ces derniers semblent émerger de la sphère du virtuel, avec une représentation à la fois purement artificielle et tout à fait réelle…

Évoquant les «Miss» que l’on récompense pour leur supériorité physique et qui rêvent d’incarner l’image parfaite, les nouveaux portraits de Têtes Couronnées (2009),
obtenus par surimpression de plusieurs clichés du même modèle, s’inscrivent ainsi dans le prolongement des investigations photographiques de l’artiste autour de la mise en scène de soi. Exposer cette nouvelle image aux côtés des anciennes permettra de percevoir cette évolution dans la représentation du sujet.

Dans sa peinture, George Condo crée des portraits qui s’écartent de tout réalisme et reflètent la seule visualisation du sujet dans l’imaginaire de l’artiste. Paradoxalement, il puise son inspiration à la fois dans l’Histoire de l’art, dans les oeuvres des Maîtres anciens et modernes, et dans notre culture contemporaine, entre musique et bandes dessinées.

L’artiste mixe ainsi différentes techniques de composition pour réaliser une oeuvre qui «caractérise» le sujet par la manière dont elle est réalisée et non par sa
ressemblance avec le réel… Sans aboutir à une abstraction totale où le réel ne serait plus figuré, l’esprit chimérique de Condo introduit volontairement une certaine
abstraction dans ses représentations figuratives, nous emmenant ainsi au-delà du réel perceptible.

Juste avant l’exposition de ses toutes nouvelles peintures à la galerie (31 mars -26 mai 2010), seront présentées ici des peintures et oeuvres sur papier, toutes réalisées en 2009, dont Aztec Cosmologist.

Tout l’art de Fabrice Hyber repose sur une observation quotidienne et un questionnement permanent du monde qui nous entoure, toute oeuvre constituant une étape intermédiaire et évolutive d’un gigantesque et perpétuel chantier de création.

Ainsi, de la réalité à l’art à la virtualité, de la même façon de l’objet au dessin et au tableau, du tableau à la sculpture et au p.o.f., Fabrice Hyber nous emmène dans un
décryptage continu d’une réalité multi-facettes dont il explore toutes les significations et les développements possibles: Le Tableau e-mythe (2006) évoque ainsi les mutations et transformations du corps, quand le tout nouveau Vinyl (2009, ci-contre) se situe plus dans le champ du métaphysique, entre concepts intangibles du son et de la musique et matérialisation de l’objet – sculpture éponyme imaginée.

Aux côtés de plusieurs tableaux, quelques oeuvres sur papier nous donneront à voir pourquoi «peu importe la matérialité de l’oeuvre, seule compte sa capacité à déclencher des comportements»…

Le processus créatif de David Mach est basé avant tout sur une démarche d’authentique «transfiguration» du réel, qui, littéralement, «transforme en revêtant d’un aspect éclatant et glorieux ou en donnant une beauté et un éclat inhabituels»…

Cette transfiguration s’opère grâce à l’utilisation de matériaux spécifiques, comme les cintres et les allumettes, et à des techniques d’assemblage qui dramatisent la
représentation figurative initiale pour aboutir à une oeuvre toujours spectaculaire. L’apparence à la fois familière et fragile du matériau contraste avec la complexité
inhérente au travail de sculpture, donnant ainsi à chaque oeuvre, quelle que soit sa taille, une dimension monumentale et prodigieuse !

Les leaders politiques mythiques que figurent les nouvelles têtes en allumettes viendront ainsi mesurer leur «aura» à celle des femmes anonymes dont les formes avantageuses ont inspiré à l’artiste certaines de ses dernières sculptures en cintres.

En invitant toujours le sujet à poser et à jouer un rôle spécifique, le travail photographique de Bettina Rheims se situe par essence au-delà du réel ; même quand il est réalisé dans un cadre naturel, il nous offre à voir une réalité artificielle et fictive, donnant à son oeuvre une dimension oxymorique indéniable, comme le souligne d’ailleurs si bien le philosophe Michel Onfray.

Trois de ses anciennes séries, dont sont issues les oeuvres exposées, illustrent particulièrement cette oxymore d’une réalité irréelle ; toutes noir et blanc, réalisées
dans une totale économie de mise en scène, avec un traitement esthétique réduit a minima, elles placent forme et fond en symbiose totale pour se concentrer sur le sujet et sur sa valeur existentielle.

C’est Animal (1982/83), où le mort devient vivant au travers de l’étrange regard des animaux empaillés, Modern Lovers (1989/90), où de troublant(e)s adolescent(e)s à l’allure androgyne nous plongent dans un doute identitaire, de même que les transsexuels photographiés dans Les Espionnes (1991) nous questionnent quant à la vraisemblance de leur genre sexuel.

critique

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