ART | EXPO

Après

06 Sep - 18 Sep 2017
Vernissage le 06 Sep 2017

Avec l’exposition « Après » au Centre Pompidou, Éric Baudelaire invite à penser l’actualité violente, marquée par le terrorisme, sous l’angle de l’art. Autour de son film Also Known As Jihadi, des œuvres d’art et des documents signés Le Corbusier, Chris Marker, Jean-Luc Godard, Robert Filliou, Francis Alÿs ou encore Jean Arp alimentent la réflexion.

L’exposition « Après » au Centre Pompidou s’inscrit dans un projet d’Éric Baudelaire autour de la nécessité d’interroger les événements actuels marqués par l’émergence d’idéologies violentes et par le terrorisme sous l’angle de l’art.

Un film d’Éric Baudelaire autour d’un jeune djihadiste

Le projet « Après » s’articule autour d’une œuvre centrale : le film Also Known As Jihadi, réalisé en 2017 par Éric Baudelaire. Ce film, dont l’idée est née après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, tente de dresser le portrait d’un jeune Français, Aziz, qui a choisi de rejoindre la Syrie. Plutôt que de montrer le personnage, il suit son parcours en revenant et analysant minutieusement les lieux qu’il a traversés : la clinique où il est né à Vitry-sur-Seine, les immeubles où il a grandi, son lycée, son université, son lieu de travail, son passage par l’Égypte et la Turquie, Alep, où il a intégré le Front al-Nosra en 2012 et le Tribunal Correctionnel.

Sans parole, le film comporte pourtant des mots, présentés comme des images : il s’agit d’extraits du dossier judiciaire du personnage, de procès verbaux d’interrogatoires de police, de transcription d’écoutes téléphoniques, de filatures et de perquisitions. L’association des vues de lieux, de mots-images et de la bande sonore crée un espace dans lequel le personnage perd sa singularité pour devenir, potentiellement, n’importe qui. Ainsi le film n’entend-il pas révéler une vérité mais seulement de poser un cadre à la compréhension, dans toute son ambiguïté.

« Après » : penser l’actualité dans son rapport à l’art

Le film constitue le point de départ de l’exposition « Après » puisque sa réalisation a incité Éric Baudelaire à le présenter au sein d’un projet plus large, destiné à penser les événements qui nous préoccupent sous un angle artistique, à l’écart de l’angle habituellement adopté, qu’il soit politique ou journalistique. L’artiste a ainsi collecté dans les réserves du Musée national d’art moderne des documents et des œuvres qui puisse dialoguer avec son film et qu’il a réunis dans la galerie d’exposition. Leur accrochage suit un abécédaire intuitif, forcément subjectif et non exhaustif : A pour Architecture, C pour Commémorer, E pour École, F pour Fukeiron, la théorie du paysage, H pour Hypnose, J pour Justice, L pour artistes en Lutte, M pour Mouvement-image, O pour Ô mon pays !, P pour Présent/Passé, R pour Rendre des comptes et T pour le Temps presse.

A la lettre A sont présentés des dessins de Le Corbusier mais aussi des textes de Georges Bataille et Francesco Marconi ainsi que le film Le Joli Mai de Chris Marker, alimentant une réflexion sur l’architecture née après la Seconde Guerre mondiale : de grands ensembles de banlieue devenus rapidement des environnements aliénants. A la lettre C, le projet interroge l’après sous l’angle de la commémoration avec les montages photographiques Commemor de Robert Filliou et des dessins, maquettes et photographies de Constantin Brancusi. A la lettre H, le choix des djihadistes est exploré sous le prisme de l’hypnose avec la sculpture Homme vu par une fleur de Jean Arp, la première impression du poème Le Voyage de Charles Baudelaire ou encore le film The Slogan, réalisé en 1978 par Andrei Monastyrsky et le groupe Actions collectives. Cet abécédaire de douze lettres donne lieu à douze soirées de parole où le public et des invités (artistes, architectes, enseignants et élèves, militants associatifs, magistrats, historiens, philosophes…) sont invités à échanger autour des questions d’actualité et de leur rapport à l’art.

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