ART | EXPO

Antoine Marquis

10 Nov - 14 Jan 2012
Vernissage le 10 Nov 2011

A la galerie Crèvecoeur, Antoine Marquis joue le dédoublement de personnalité. Il se tourne vers sa propre biographie d’artiste, effectue une exploration quasi sédimentaire dans son œuvre, et fait resurgir une série de dessins des dessins réalisés entre 1998 et 2004, au stylo à bille

Antoine Marquis
Antoine Marquis

Pour Antoine Marquis, le stylo à bille est la manière la plus simple de dessiner, sans possibilité de gommer. Une sorte de pré-langage, une «soupe primitive» peuplée de sujets qui brassent les archétypes de la «culture de genres» qui l’a longtemps nourri: série noire, érotisme, fantastique, science-fiction, fantasy, horreur, western, etc.

Ces dessins, il les met en regard de façon très froide, quasi-clinique avec une série de dessins au crayon récents, tout à fait différents, méticuleux, appliqués, de facture très classique. Qui prennent pour motif unique des visages et des bouquets de fleurs. C’est-à-dire des portraits et des natures mortes, genres éprouvés de l’histoire de l’art, bien que diversement classés dans la hiérarchie des genres picturaux codifiée en 1867 par André Félibien qui expose ainsi sa classification: «L’Histoire, le portrait, la scène de genre, le paysage, la nature morte».

Il y a d’ailleurs chez Marquis un peu de tout ça, à ceci près que l’Histoire se transforme en (petite) histoire, la scène de genre en saynète de (mauvais) genre, le paysage en décor de science-fiction, et que les portraits prennent pour modèles des seconds rôles du cinéma français. Et les bouquets, cose naturali (terme utilisé par Vasari pour désigner la nature morte avant que le terme n’apparaisse, à la fin du XVIIe siècle) par excellence, sont ici si soignés, si obsessionnels, qu’ils deviennent presque inquiétants.

Antoine Marquis joue, disait-on, le dédoublement de personnalité. Il s’agirait même de ce qu’on appelle un «dédoublement manichéen» en termes psychologiques (conviction du sujet que deux personnages à la fois complémentaires et opposés existent en lui et vivent à tour de rôle): que retenir en effet d’un artiste qui fait répondre aux scènes rudimentaires faites au stylo à bille, le portrait du visage éthéré d’Aurora, subtile confidente chez Eric Rohmer, ou du placide Jean Bouise, éternel second rôle du cinéma français?
Peut-être un symptôme sérieux: la certitude qu’à travers le dessin et son économie de moyens, l’étude du genre recèle une infinité de possibilités sur la question de la représentation dans un monde saturé d’images. Et que les images de l’artiste s’offrent à une possible renaissance via des degrés de lecture variables: images-indices, images-récits, images-mythes.

Antoine Marquis
Né en 1974, il vit et travaille à Paris.
Il a réalisé et a participé à plusieurs expositions notamment au CNEAI, à la galerie France Fiction, au Plateau-FRAC Ile de France, au Mac/Val et à la Fondation d’entreprise Ricard (Une expédition, organisée par Stéphane Calais).

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Elisa Fedeli sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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