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Annette Messager. Melo-Meli. Carnets d’études n°11

Annette Messager, professeure à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, y expose ses dessins, éléments de témoignage «dans la marge» de ses projets, fabrique de son œuvre si personnel qui constitue l’album illustré de sa vie.

Information

Présentation
Henry-Claude Cousseau et Aurélie Verdier
Annette Messager. Melo-Meli. Carnets d’études n°11

Ce carnet d’études paraît à l’occasion de l’exposition des dessins d’Annette Messager à l’Ecole nationale des beaux-arts de Paris, du 19 mai au 18 juillet 2008.

Extrait de «Images dans les marges. Le dessin d’Annette Messager» par Aurélie Verdier

«L’œuvre d’Annette Messager semble actionner un dispositif qui agit sur le regard à la façon du mouvement d’un pendule, oscillant entre deux pôles contradictoires par elle réconciliés. Car c’est peut-être dans la fabrique d’un militantisme de midinette, dès ses débuts, qu’elle atteint à une certaine forme d’universel, et par la fable et le conte qu’elle révèle des bribes d’elle-même. Messager fait une « œuvre-monde » qui part de l’identité individuelle (fût-ce par le biais d’une fiction identitaire patiemment construite ; et l’on sait bien que ce qui « ne dit jamais rien, c’est l’identité personelle ») qui vise à révéler un peu d’une face obscure, cette animalité tapie en soi et que réfléchit lAutre.

La pratique du dessin chez l’artiste ne fait pas exception à cette double règle de jeu instaurée tacitement dès le début des années soixante-dix. Mais dans le travail d’Annette Messager, l’objet délictueux avance masqué : le dessin est conçu comme une création (une récréation aimerait-elle à dire, car le jeu n’est jamais loin) qui intervient en dehors du souci de hiérarchiser les pratiques artistiques ; medium persistant, il est aussi secret parce que fondu dans un travail protéiforme qui se soucie peu de classification technique. Souvent à peine plus grand qu’une vignette, le dessin de Messager se pose davantage comme trace, petite ritournelle un peu entêtante, à la manière des dessins de Pinocchio, réalisés autour de Casino, vaste installation « symphonique » de l’artiste pour le Pavillon français de la Biennale de Venise en 2005. Prenant fréquemment la forme d’une variation sur un même thème, comme c’est le cas récemment avec la figure du pantin, le dessin, pourtant, n’est pas une pratique « rituelle » chez elle, cette presque « hygiène de vie » dont peuvent parler certains artistes qui se font la main en dessinant. Avant de s’emparer d’une variété de pratiques graphiques (signature, cartographie, lettrine enluminée) comme des exercices de pure liberté, le dessin a, dans les premiers temps de l’œuvre, épousé de près l’affirmation identitaire et artistique d’Annette Messager.»