ART | EXPO

Animaux-animots

10 Juin - 25 Sep 2011
Vernissage le 17 Juin 2011

De l’image au mot, c’est l’éventail des rapports ambigus que nous entretenons avec les animaux qui est représenté dans cette exposition: de l’incompréhension totale à la sensiblerie la plus stupide. Par extension, c’est le rapport que nous entretenons avec notre propre recherche d’identité humaine qui se joue.

Miquel Barceló, Marie José Burki, Gregory Crewdson, Simone Decker, Marie Denis, Daniel Dewar et Grégory Gicquel, Erik Dietman, Aurélien Froment, Toni Grand, Trixi Groiss, Diango Hernandez, Peter Kogler, Oleg Kulik, Joyce Pensato, Xavier Veilhan
Animaux-animots

Le titre de l’exposition Animaux-Animots s’inspire du travail de Marie José Burki qui s’intéresse aux rapports entre les mots et les images. L’oeuvre présentée intitulée Vidéaux, expression 2: Chien, vache réalisée en 1992 est composée de deux projections vidéos, un homme d’un côté, une femme de l’autre, qui se crient des noms d’animaux. Cette installation est issue d’une série
de «Vidéaux» dans lesquelles «La présence récurrente des animaux est très clairement articulée; il y a les images d’animaux, et les noms d’animaux, qui sont aussi, à leur manière, des images. De l’image au mot, c’est l’éventail des rapports ambigus que nous entretenons avec les animaux qui est représenté: de l’incompréhension totale à la sensiblerie la plus stupide. Par extension, c’est le rapport que nous entretenons avec notre propre recherche d’identité humaine qui se joue.»

En effet de tout temps, l’animal permet à l’homme de se définir en tant qu’être humain. L’homme affronte l’animal pour sa survie et son honneur. Mais cette relation duelle, cette quête de domination de l’animal est quelquefois utilisée comme métaphore d’un combat intérieur. Le peintre et son chien de Miquel Barceló illustre un face à face: le créateur face à sa toile et à ses démons. L’animal situé en dessous de la figure humaine est une ombre, un double au format démesuré au regard de la taille du peintre, un monstre à la mâchoire menaçante.

Si l’animal sert à Barceló à représenter l’action de peindre comme un combat, une manière de révéler sa part d’ombre, Gregory Crewdson met en scène le monde des bêtes pour mieux révéler la nature humaine. A la manière de Jean de la Fontaine, il fait porter aux animaux (ceux qu’il utilise sont empaillés) nos propres travers. Attaché à dépeindre la société moyenne américaine, il brosse un monde inquiétant, crépusculaire et théâtralisé des banlieues pavillonnaires.

Que ce soit chez Marie Denis, Peter Kogler, Joyce Pensato ou Toni Grand, les animaux utilisés le sont en tant que motif, et tout contexte a disparu.
Dans l’installation de Peter Kogler, des fourmis démesurées modélisées par ordinateur sont vidéoprojetées sur 4 grands écrans. «Avec les fourmis et les tuyaux, métaphores du social et des réseaux dans lesquels celui-ci semble aujourd’hui s’abîmer complètement, Kogler définit également des motifs simples ou évolutifs qui lui permettent de saturer l’espace qui sert de support à ses interventions.»

Chez Oleg Kulik la figure animale sert à dénoncer notre vision anthropocentrique. La série photographique dans laquelle l’artiste et sa famille posent nus dans des champs aux côtés d’animaux domestiques, annulent toute possibilité de domination. L’homme et l’animal se retrouvent à égalité et la relation à la nature vierge qui les entoure nous replace dans une époque pré-moderne. Pour la première fois depuis sa production, cette exposition permet de remontrer une oeuvre du même artiste: Tolstoï et les poules. Le grand écrivain respecté, Tolstoï souillé par les animaux, devient ici «l’emblème passéiste et désuet d’une culture nationale et littéraire hégémonique».

Les connaissances scientifiques de l’animal nées de l’observation n’annulent en rien la ténacité des mythes et légendes attachées depuis des millénaires aux animaux. Cette fascination peut se lire au travers de la photographie de Simone Decker, Jérémy, dans laquelle un poulpe géant trône au milieu d’une galerie, ou encore au travers du film Pulmo Marina d’Aurélien Froment, dans lequel une gracieuse et légère méduse se déploie et nous hypnotise… En résulte une image qui oscille entre séduction et répulsion.

Légendes
01
Oleg Kulik, Wife (détail), 1995.
Courtesy FRAC Pays de la Loire © Oleg Kulik
02
Peter Kogler, Fourmis, image numérisée vidéoprojettée, 2011
Courtesy FRAC Pays de la Loire © Peter Kogler

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