ART | EXPO

Amour

11 Sep - 10 Oct 2009
Vernissage le 11 Sep 2009

Winshluss est aujourd’hui considéré comme le meilleur dessinateur de sa génération. Rien ni personne n’en sort indemne, ni les personnages, ni les codes et usages du genre et encore moins les lecteurs de cette oeuvre de destruction massive où mutations génétiques, débilité incurable et débâcle économique jouent un rôle primordial.

Winshluss
Amour

Le terme «roman graphique» l’exaspère. Faire des bulles l’ennuie. Il affirme aussi que ce sont les choses qu’il «adore le plus» qu’il «massacre le mieux». Et, il est vrai que Winshluss aka Vincent Paronnaud (sic) excelle aux jeux de massacre en tous genres et en tous domaines : bande-dessinée, cinéma, animation, musique…

Rien ni personne n’en sort indemne, ni les personnages (Mickey ou Pinocchio, par exemple), ni les codes et usages du genre et encore moins les lecteurs ou spectateurs de cette oeuvre de destruction massive où mutations génétiques, débilité incurable et débâcle économique jouent un rôle primordial.

Soulignons ici d’emblée le caractère quasi-prophétique de certains de ces albums dont les personnages évoluent depuis belle lurette sur fond de crise financière, comme s’ils nous avaient devancés !

Travaillant dans les marges de tous les systèmes, son intransigeance et sa radicalité – d’aucuns, avec justesse, parlent de génie -, l’amènent souvent à se retrouver au centre de toutes les attentions. Preuve en est l’accueil critique et les récompenses qui ont couronné son travail (le Prix Spécial du Jury du Festival de Cannes 2007 pour Persépolis, obtenu en tant que coréalisateur avec Marjane Satrapi) et le Fauve d’Or du Festival International de bande dessinée d’Angoulême 2009 pour son album déjà culte Pinocchio.

Winshluss est aujourd’hui considéré par de nombreux amoureux et spécialistes de B.D., tel l’éditeur et critique Vincent Bernière, comme le meilleur dessinateur de sa génération, au trait aussi acéré qu’inventif. Ce dernier parle de lui comme d’un «créateur sans concession avec un univers véritable, une brute dans l’art.» Une brute, peut-être, mais dont le coup de poing (en pleine face) est amour ; symbole d’une saine charge contre tout ce qui le choque et le révulse dans la vie.

Bref, un univers artistique qui ne parle pas que de lui-même ou de son auteur mais bien du monde qui l’entoure et de notre fond culturel commun, faisant sans complexe le grand écart entre la bande dessinée, la culture populaire et l’Art avec un grand A.

Il est l’auteur de nombreux albums à l’humour grinçant et délicieusement amoral, tels Monsieur Ferraille (un personnage tout en métal n’hésitant pas à conseiller à un gosse un peu paumé de picoler plutôt que de faire du sport et dont l’histoire est prétexte à un détournement parodique de tous les codes de l’histoire de la bande-dessinée et de l’illustration populaire), Pat Boon Happy End (les déboires d’un personnage veule et malchanceux sur fond de crise économique, de cinéma porno et de KKK), Super Negra (l’histoire désopilante d’un Mickey mutant et pêcheur à la ligne), Welcome to the Death Club (où la mort moissonne à foison des loosers en tous genres), Smart Monkey (la bataille impitoyable des petits et des faibles pour la survie) ou encore Wizz et Buzz (les aventures hilarantes de deux crétins sans complexe).

Underground, alternatif, il est aussi un artiste d’associations et d’échanges fructueux comme en témoigne son parcours avec le collectif des Requins Marteaux au sein duquel il devint éditeur en chef de la revue Ferraille ou encore son association de longue date avec le dessinateur et coloriste Cizo.

Deux expositions récentes, l’une au Lieu Unique à Nantes, l’autre à l’Atelier Magelis à Angoulême ont permis de mettre en lumière ce parcours d’une cohérence implacable mais aussi d’une diversité déroutante. On pouvait se délecter, outre de nombreuses planches originales, du fameux dessin animé Raging Blues (où l’on suit en parallèle les agissements d’un promoteur véreux et l’existence pathétique d’une mendiante des rues pendant un Noël en temps de crise), ou encore de son dernier opus cinématographique (Villemolle 81, un thriller gore et rural mêlant cinéma et animation) dont le sous-titre «Personne ne vous entendra crier dans le Tarn» pourrait aisément s’appliquer à toute son oeuvre… À hurler de plaisir et d’effroi !

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Agathe Cancellieri sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

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