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08 Mai - 24 Août 2008
Vernissage le 17 Mai 2008

Une dimension politique et humaine importante existe dans l'oeuvre de Marc Pataut, proche de celle de Gérard Paris-Clavel qui  tente d’exposer de façon critique et interactive les jeux ambigus des images et des mots dans la société urbaine. Graphiste social, militant créateur d’un collectif resté mythique, «artiste vivant» comme il aime se désigner, il n’a jamais séparé création et engagement social.

Marc Pataut et Gérard Paris-Clavel
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En invitant Marc Pataut à réaliser une commande photographique (dans le cadre du fonds d’intégration républicaine par la culture), le CRP accompagne la démarche de l’artiste tout en réalisant un des objectifs du programme artistique et culturel du Centre : travailler avec des habitants sur le territoire de Douchy-les-Mines et de la Communauté d’Agglomération de la Porte du Hainaut. Ce projet artistique, par son aspect participatif, développe des liens privilégiés avec certains acteurs socio culturels du territoire.

Ainsi, depuis six mois, lors de rencontres régulières avec l’artiste au CRP et hors les murs, un groupe de travail s’est constitué, en relation avec le projet de commande photographique et l’exposition. Le groupe de travail est composé de personnes intéressées par cette démarche dans le cadre de leurs propres pratiques professionnelles et en relation avec leur engagement personnel.

Cette exposition est le fruit d’une collaboration entre Marc Pataut et Gérard Paris-Clavel, graphiste. La nature de cette collaboration / exposition permet de révéler les qualités analytiques et critiques du travail des deux artistes.

La participation du groupe de travail aux rencontres a donné lieu à des comptes-rendus (dont certaines citations sont présentes dans l’exposition) et à un choix d’oeuvres de Marc Pataut pour cette exposition. Certains membres du groupe de travail ont participé à la conception de l’exposition et ont proposé un texte en relation avec leurs choix d’images. Ces éléments sont affichés dans l’exposition près des oeuvres sélectionnées.

Le CRP accompagne le projet de commande photographique passé à Marc Pataut par la mise en réseau de groupes de personnes et d’organisations qui, en s’appropriant la démarche de l’artiste, et aux travers des ateliers avec Gérard Paris-Clavel, mettront en oeuvre des actions en relation avec l’exposition et la commande photographique et dans le cadre de leurs missions professionnelles. Des sociologues, philosophes, écrivains et artistes vont continuer à collaborer à la réalisation du projet lors de rencontres – conférences associées au projet jusqu’à la fin de l’année 2008.

« Lorsque j’entreprends un projet, je travaille, les gens travaillent. Le temps me permet de comprendre, de changer de position, mais il permet aussi la même chose à autrui. C’est un aller-retour. » Marc Pataut

Né en 1952 à Paris, Marc Pataut commence à travailler avec la photographie en 1978. Il travaille pour l’agence Viva, agence de presse créée en 1972 par de jeunes photographes : Martine Franck, Richard Kalvar, François Hers, Hervé Gloaguen, Claude-Raymond Dityvon… En réaction aux photographies de presse généralement trop simplistes et dramatisées, ils voulurent réaliser des reportages de fond sur des sujets quotidiens.

Marc travaille avec France Nouvelle, le magazine du parti communiste français. Il photographie la marche des sidérurgistes sur Paris en mars 1979. Fin 1980, il part en Pologne pour Viva où il doit couvrir les événements de Gdansk. Mais il comprend là-bas que le temps de l’actualité ne lui correspond pas.

La qualité très particulière du travail de Marc Pataut est liée à sa capacité à travailler avec des personnes, des situations, et à associer, dans la conception et l’élaboration de l’oeuvre, un domaine d’activité, une situation sociale, une histoire et une intervention artistique. Une dimension politique et humaine importante existe dans le travail de Marc Pataut : il est question de positionnement. C’est précisément cette position qui ouvre la possibilité de créer des situations réelles dans lesquelles les images peuvent advenir.

La parole de l’artiste et l’oeuvre photographique se construisent dans le territoire, fondées sur la rencontre avec la parole des habitants. Ces échanges, ces allers-retours induisent nécessairement une collaboration avec tous les publics intéressés et associés au projet, et les partenaires indispensables pour la réalisation.

L’ambition de ce projet est également de faire en sorte qu’une pensée, une production artistique, fondée dans un territoire, ne reste pas uniquement dans le champ du « social » mais qu’elle puisse trouver un écho plus large, et acquérir la dimension universelle de toute oeuvre d’art.

« J’aime l’idée de l’art comme art de vivre. Il nous faut parler d’une esthétique qui ne serait privée ni de conséquence, ni de corps ». Gérard Paris-Clavel

Né le 2 octobre 1943 à Paris, Gérard Paris-Clavel, diplômé des métiers d’art et de l’Institut de l’environnement, prend part au travail de Henryk Tomaszewski à l’Ecole des beaux arts de Varsovie.

Membre fondateur de Grapus (1970-1989) avec Pierre Bernard, François Miehe et Alexandre Jordan, le groupe vise à construire une pratique sociale du graphisme. En 1989, il fonde « les graphistes associés » avec Vincent Perottet. Depuis 1992, il développe un travail artistique autonome. Il est membre de l’association « Ne pas Plier », graphisme au service du politique.

La singularité du projet de Gérard Paris-Clavel est d’exposer de façon critique et interactive les jeux ambigus des images et des mots dans la société urbaine ; graphisme social, militant créateur d’un collectif resté mythique, artiste vivant comme il aime se désigner, Gérard Paris-Clavel n’a jamais séparé création et engagement social : sa disponibilité pour les causes qu’il estimait juste et sa créativité visuelle exceptionnelle ont navigué de concert depuis vingt ans.

Du sens des signes et des images, de la volonté de ne pas ajouter aux « signes de la misère la misère des signes », il parvient à fournir des émotions nouvelles, des confrontations souvent ironiques. » Francis Lacloche, août 2007, in « Le grand tour, esthétique et politique, le parcours d’un graphiste social ».

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