ART | CRITIQUE

Silvia Bächli

PEva Robillard-Krivda
@12 Jan 2008

Des dessins, des traits, des jeux d’épaisseurs, de courbes, d’intensités et de nettetés pour faire émerger les petites choses éphémères de la vie, des visions secrètement cachées en nous, des sensations, des émotions.

Epurés, dépourvus de signification symbolique, les dessins de Silvia Bächli génèrent comme un sentiment de déjà-vu. Véritables arrêts sur image dans le flot journalier d’informations visuelles, ils évoquent des scènes, des sensations connues de tous, mais suffisamment anodines pour que l’on y prête attention.

Silvia Bächli réhabilite ainsi les petites choses éphémères de la vie, ces visions qui restent secrètement cachées en nous. Pour les restituer, elle utilise principalement le noir qu’elle applique sur un fond neutre, sans contexte, évitant les détails superflus. Tout passe par le trait. Son épaisseur, ses courbes, son intensité et sa netteté sont les seuls moyens qui permettent d’identifier ce qui est dessiné. Parfois flous, ces dessins sont, tels des images mentales résiduelles, souvent associés à des sensations, voire à des émotions.

Ces travaux suggèrent des impressions plus qu’ils n’imposent une interprétation. Rien n’est vraiment défini. Les formes, qui sont des silhouettes de corps nus, des vêtements, des motifs floraux ou plus simplement “un jeu sur la ligne”, représentent les choses de manière générale, presque grossière. L’identification est toujours aléatoire. Ainsi, les fleurs dont l’extrémité des tiges de forme ovale avec une auréole ressemble au fruit du pissenlit entouré de son aigrette, semblent prêtes à s’envoler au moindre coup de vent. L’impression de fragilité et de légèreté est ici inséparable de ces instants de bonheur enfantin lorsque, à cause de notre souffle, ce petit faisceau de poil s’envolait vers le ciel.

Grâce à ces choses intemporelles dont la présence, l’image, la trace peuplent notre quotidien, Silvia Bächli exalte ces moments évanescents qui rendent la vie plus légère. Art de l’ordinaire insignifiant, ses œuvres résonnent, d’une certaine manière, avec nos émotions.

Silvia Bächli :
Sans titre, 1992. Fusain sur papier. 15, 3 x 23 cm.
Sans titre, 2001. Gouache sur papier. 31 x 22 cm.
Sans titre, 2001. Photographie couleur. 19 x 28 cm.
Sans titre, 2001. Gouache sur papier.31 x 44 cm.

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