ART | CRITIQUE

Disconvenance et Le Complexe du cul-de-sac

PClément Dirié
@13 Fév 2004

La salle Michel Journiac, qui vient de s’ouvrir au sein de l’UFR Arts plastiques de l’Université Paris I, est conçue comme un Bureau d’hypothèses. Elle accueille deux propositions: Disconvenance, proposée par Claude Lévêque, et Le Complexe du cul-de-sac, proposition du critique Etienne Bernard.

La salle Michel Journiac, conçue comme un Bureau d’hypothèses, est un nouveau lieu pour la création contemporaine en région parisienne.
En effet, la volonté de décloisonner les espaces, d’introduire la cohabitation des propositions artistiques, d’associer professionnels et étudiants, chercheurs et artistes est une variation sur l’esthétique de liberté et de possible du site de création contemporaine parisien.

Deux propositions inaugurent alors cet espace, également lieu d’accueil pour les groupes de recherche de l’UFR et de rencontre pour des conférences mensuelles comme celle que donnèrent le 12 février Hervé Loevenbruck et Anne Roussel.

L’un des espaces, intitulé SDD (Support de Diffusion) a pour ambition de questionner les modalités de l’exposition. C’est naturellement que Disconvenance s’intéressait à la pratique du vernissage.

Cette action proposée par Claude Lévêque, catalyseur et aiguilleur de l’opération, et les étudiants au terme de réunions de travail, s’articule autour du principe de la tabula rasa, principe déterminant du texte donné par Claude Lévêque à ses collaborateurs à l’occasion du projet :
«Fabriquer du rien/ Etablir du néant/ Créer de l’absence/ Univers zéro… Table rase […] Saturation et agitation dans le fragment de la salle Michel Journiac qui nous est réservé».

Il s’agit en fait de repenser les codes du vernissage, de la réunion sociale : le visiteur se voit distribuer des tracts imprimés « Ça va ? », et coller des stickers blancs sur ses vêtements ; on lui fait entendre des sifflements, et on l’invite à se servir de la bière et du pain à même le sol. Tandis que son image est diffusée sur les murs.
Le vernissage vu comme une nouvelle Cène, l’inauguration comme une consécration dont les restes vont conférer à la salle un aspect et une odeur d’après la bataille pendant tout le temps de l’exposition. Le lieu artistique conçu comme un espace de diffusion où les objets passent d’une main à l’autre, d’une place à une autre.

Un second espace nommé AOT (Activité d’Occupation Temporaire) rassemble autour du thème du « cul-de-sac » cinq artistes utilisant des médiums différents. C’est à Etienne Bernard que l’on doit la sélection de ces artistes.
Le  » cul-de-sac » désigne des figures du blocage : le moment où l’action et la pensée deviennent hermétiques ou incompréhensibles, telles que cette route brutalement coupée photographiée par Peter Goin.
Sur le savon bicolore de Tatiana Trouvé des inscriptions en braille, plastiques et tactiles, recèlent un secret. Mais ce cul-de-sac n’en n’est pas un pour les aveugles qui, sachant lire le braille, auront accès au secret consigné dans les caractères du savon.

1. Disconvenance :
Claude Lévêque, Disconvenance, févr. 2004. Installation (avec les étudiants de l’UFR arts plastiques et sciences de l’art de l’Université 1).

2. Le Complexe du cul-de-sac, proposition d’Etienne Bernard, critique d’art :
Mathieu Copeland, Perfect Magazine, 2003. Papier broché, 128 pages. 20 x 28 cm.

Peter Goin :
— Destroyed Road and Crater, 2004. Tirage numérique. 26,3 x 34 cm.
— Bzz, 2003. Animation flash.

Tatiana Trouvé, Secret, 2004. Savon. 4,5 x 14 x 7 cm.

Bruno Rousseaud, Performance filmée au Frac Poitou-Charentes, mai 2003.

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