ART | EXPO

Zythum

30 Jan - 07 Mar 2010
Vernissage le 29 Jan 2010

"Zythum" se constitue aussi bien d’installations, d’objets numériques que de sérigraphies. Chacune des pièces de Gaël Grivet articule des matériaux physiques et des matériaux conceptuels.

Gaël Grivet
Zythum

Tenter d’expliquer un double-entendre (prononcer le premier mot « à l’anglaise » et le second « à la française ») est aussi vain que de lire consciencieusement un dictionnaire page après page à la manière d’un roman en espérant pouvoir ainsi percer le mystère du langage.

Mot après mot, le dictionnaire dévoile son principe d’organisation, si peu évident du temps de Jean de Gênes, qu’il dut agrémenter d’une longue préface son Catholicon, pour exhorter le lecteur de faire l’effort de comprendre le classement par ordre alphabétique.

Hormis le fait d’offrir un classement systématique fondé sur les semblances et dissemblances de mots pris un à un, le classement alphabétique à l’avantage, ou l’inconvénient, de créer une discontinuité de sens en se faisant rencontrer des mots sans tenir compte de leur signification, et inversement d’éparpiller ceux liés à un même sujet.

Dans ce bel ordre « zythum », mot semblant tout droit sorti de l’Ursprache de la planète Tlön de Borges, vient en dernier comme situé au bord d’un précipice où s’arrêterait le langage. Peu importe ici le sens de ce mot, ce qui a attiré l’attention de l’artiste, c’est sa place, il est l’omega du dictionnaire, le dernier rempart avant la fin du langage.

Grâce au principe de contexture (agencement des différents éléments d’un tout complexe) Gaël Grivet, tout comme le fait le personnage principal de L’Homme Dé se libérant du carcan des convenances en jouant sa vie aux dès, déconstruit, désorganise cette exposition en agençant des oeuvres préexistantes et des documents trouvés.

Dans cette articulation, l’oeuvre Quid pro quo, sorte de précipité de lumière, symbolise ce cône d’incompréhension, qui sépare la réalité objective de notre perception du monde. Tout comme l’image du drive-in faisant partie de l’installation Cavale. En l’absence de légende, cette image évoque plus une rampe de lancement d’engins spatiaux que celle d’un drive-in situé à Téhéran.

Coûte que coûte, il faut trouver du sens, quitte à trouver la première interprétation de l’image plus plausible que la seconde. A l’occasion de cette exposition, est publié le texte Patterns d’hésitation de Carla Demierre, auteure basée à Genève.

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