DANSE | SPECTACLE

Zombie Aporia

02 Nov - 09 Nov 2011

Avec Zombie Aporia, Daniel Linehan tente une hybridation entre la diction sous contrainte initiée avec Not About Everything et la reproduction d’attitudes «ready-made» expérimentée dans Montage for Three. Cette fois-ci, c’est sous l’angle du concert de rock, de l’énergie vocale et de l’intensité physique qu’il aborde sa recherche sur les rapports ambivalents entre danse et langage.

Daniel Linehan
Zombie Aporia

Comment la voix affecte-t-elle le corps, et vice-versa? Cette pièce répond par une relation à double ou triple sens: un principe d’interaction permanente, où il devient difficile de distinguer si c’est le mouvement qui induit l’énonciation, le sens des mots qui provoque la danse, ou si tous les liens logiques ont été rompus.
Découpée en séquences qui se répondent ou se contredisent, Zombie Aporia manie un matériel chorégraphique hautement explosif: les gestes et les expressions des spectateurs de concert. Comment encadrer cette physicalité brute dans une structure précise? Remonter de l’effet vers la cause? Cette chorale déchaînée s’appuie sur un dispositif simple: un écran sur lequel défilent textes, mouvements, et trois danseurs qui reproduisent ce qu’ils lisent ou voient, mélangeant fragments de discours, paroles de chansons et gesticulation frénétique.
À cette équation de départ ne cessent de s’ajouter de nouveaux paramètres, jouant sur les possibilités offertes par le trio: dire un texte en bougeant; décrire ce que fait le corps qui suit ce que fait la voix; chanter, être manipulé, répéter les mots chuchotés par un autre. De l’écran aux yeux, des yeux aux oreilles, des oreilles à la bouche et aux membres, les interprètes forment une série de boucles ludiques, confrontent langage, mimiques et émotions préfabriquées. Les matériaux dansés et chantés se superposent, fabriquent des liaisons parfois absurdes, illogiques, drôles ou inquiétantes. Agités de mouvement désordonnés, lisant, chantant — seuls ou en canon — ils nous font traverser des rythmes, des cadences folles, passer des Sex Pistols a capella aux poèmes de John Ashbery. A la manière des zombies, exprimant émotions et sentiments sans eux-mêmes les ressentir, ils se font caisse de résonance, instruments, poussant la voix — et le sens — dans ses derniers retranchements.

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