ART

Yves-Eric 2boy

PJulie Aminthe
@06 Mar 2012

Yves-Eric 2boy décline inlassablement le même univers constitué de grandes figures géométriques, froides et désincarnées, dans lesquelles se meuvent des petites formes organiques. Familières et insolites, ces œuvres obsessionnelles semblent interroger la place du vivant au sein du monde moderne.

Par l’infinie répétition des mêmes motifs géométriques, les créations d’Yves-Eric 2boy construisent une atmosphère esthétique semblable à celle des jeux vidéo (comme le célèbre Tetris), tout en faisant écho aux dessins muraux de l’artiste minimaliste américain Sol LeWitt.
Mais le systématisme linéaire et l’immédiateté formelle apparentent également ces toiles aux affiches publicitaires, hissées au rang d’œuvres par le Street art. Ce qui n’est guère étonnant au regard du parcours d’Yves-Eric 2boy qui, après avoir été grapheur au cours de ses études d’arts plastiques, est désormais directeur artistique dans une agence de publicité.

Yves-Eric 2boy chercherait-il à nous vendre quelque chose? Ses toiles, ses structures-sculptures en bois posées dans la galerie ou accrochées sur la devanture, ainsi que sa grande bâche installée dans la rue des Envierges, à quelques pas de la galerie, semblent vouloir cerner un univers alliant l’intérieur et l’extérieur, le plan des toiles et le volume des structures en bois, le stable et le mouvant, le solide et le liquide.

Tenter d’homogénéiser les contraires tout en assumant le déséquilibre entre les grandes structures géométriques et les petites entités biomorphiques qui y vivent; déséquilibre impossible à neutraliser. Telle semble être l’ambition artistique d’Yves-Eric 2boy.

Ses œuvres symbolisent la condition des vivants prisonniers d’un monde méthodique, rationnel, en constant développement. Bien que sa démesure puisse laisser croire qu’il finira par assimiler tout ce qui est autre, dévorant peu à peu la chair molle des quelques êtres animés qui lui résistent encore, tout n’est pas encore perdu.

Ces drôles de gouttes roses créées par Yves-Eric 2boy — ou peut-être sont-ce des larmes? — parviennent, malgré leur infériorité numérique, à se frayer des passages à travers l’architecture géométrique (souvent bleue ou grise) dominante.
Car leur fluidité leur permet de glisser, de s’immiscer, de s’étendre et de se morceler. De créer de l’inattendu là où sont pourtant bannis le hasard et la liberté. De disparaître ici pour mieux réapparaître là.
Pour contraindre ces corps vivants à fusionner avec la rigidité cadavérique du monde, encore faudrait-il réussir à les attraper…
Yves-Eric 2Boy leur dessine de multiples possibilités narratives afin, peut-être, de «protéger» l’humanité de la déshumanisation qui rôde?

Å’uvres
— Yves-Eric 2boy, Sans titre, 2012. Tirage numérique sur bâche (installation au 36 rue des Envierges). 405 x 270 cm
— Yves-Eric 2boy, Sans titre, 2011. Acrylique sur toile. 22 toiles, dimensions variables
— Yves-Eric 2boy, Sans titre, 2011. Bois et bombe aérosol. 5 structures, dimensions variables.

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