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Your Majesty Fallacy

ton: formes géométriques répétées à l’infini, lumières et couleurs saturées, formes systématiquement cernées de noir, les références à Takashi Murakami sont claires. Les deux artistes ont d’ailleurs travaillé ensemble,  toute ressemblance est donc assumée. A la manière de Takashi Murakami, James Marshall nous emporte dans un arc-en-ciel de couleurs. Un monde acidulé à première vue seulement: la violence des contrastes brûle l’iris, elle n’offre qu’une apparente douceur.  

L’acrylique appliqué avec la dextérité du graphiste (à moins que ce ne soit celle du graffeur…) remplit la toile d’êtres irréels aux yeux démesurés.  James Marshall aime qualifier son style d’«anal-anarchique» et affirmer que «le monde aurait l’air beaucoup mieux s’il était rose vif».

Intitulée «Your Majesty Fallacy» ( Votre Majesté Illusion), la dizaine de toiles qui compose l’exposition, invite le regard à glisser dans un monde surréaliste peuplé de boules à facettes multicolores, d’objets volants gravitant au milieu de mosaïques de couleurs. Devant tant de détails colorés, l’œil ne parvient pas à s’arrêter sur un élément en particulier. Il suit les lignes qui rebondissent les unes sur les autres sans jamais se croiser.

Plus encore que les grands formats, les petites toiles illustrent la capacité de  James Marshall à exploiter la couleur. Rose bonbon, bleu, magenta, rouge, noir, vert… Son univers complexe est à la fois rassurant et anxiogène — le Pop Art est totalement assimilé, intériorisé. James Marshall s’approprie les codes visuels du manga japonais, les fait siens et semble regarder la société le sourire aux lèvres. Il est «Le Présent» arrogant, attachant, inquiétant. Regarder ses toiles est un voyage dans une autre dimension: son espace.
 
La scénographie se veut «arty», mais on regrette tout de même que ni titre ni date ne puissent nous guider dans le labyrinthe créatif de l’artiste. Les toiles de James Marshall parviennent pourtant à nous transporter. Si le graffiti s’inscrit nécessairement dans une logique vandale (celle d’apposer son nom sur les murs d’une ville ou les wagons d’un train), James Marshall ne perd-il pas l’essence de son travail en exposant dans une galerie ? En d’autres termes, sa présence à la galerie Magda Danysz n’est-elle pas paradoxale ? 

Rares semblent être ceux qui sont prêts à soutenir cette thèse. Le graffiti s’institutionnalise, les amateurs n’ont plus qu’à apprendre à le connaître, à le découvrir, à l’apprécier.
Comme tous les mouvements récents, le «graffiti», ou «Art sauvage», a ses maîtres, sa grammaire, sa syntaxe. James Marshall, s’il a commencé à peindre des murs avec des lettrages classiques (laissant ainsi son empreinte en lettres capitales dans son univers géographique), est très vite passé à des supports traditionnels. Alors que certains artistes se sont éloignés de leur démarche originelle (concrètement marquer un territoire et devenir visible), les toiles de James Marshall démontrent le contraire. L’art contemporain a intégré l’art sauvage, s’en est inspiré et reformule aujourd’hui cette influence. James Marshall illustre parfaitement cette réalité. Comme le ferait un graffeur, il s’est inventé une véritable rhétorique de la ligne et de la couleur.

La démarche n’est pas si surprenante, après Obey, Jonone, Miss Van et tant d’autres, la rue nous offre son quota de jeunes artistes passionnés et passionnants. Si un point commun entre eux devait être trouvé, c’est sans doute la force et l’unicité des styles qui seraient retenues. Pour être vu dans un univers urbain saturé de visuels en tous genres, ces acteurs développent une esthétique personnelle et identifiable. L’élaboration d’une alternative au langage n’est-elle pas l’essence même de la création contemporaine ?

Dalek
— Untitled, 2009. Acrylique. Dimensions Variables
— Untitled, 2009. Acrylique. Dimensions Variables
— Untitled, 2009. Acrylique. Dimensions Variables
— Untitled, 2009. Acrylique. Dimensions Variables
— Untitled, 2009. Acrylique. Dimensions Variables
— Untitled, 2009. Acrylique. Dimensions Variables