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L’essence du visible

18 Juin - 29 Sep 2019

L’exposition « L’essence du visible » à la Fondation Henri Cartier-Bresson, à Paris, met à l’honneur l’œuvre atypique de Wright Morris qui a marqué les États-Unis de la seconde moitié du vingtième siècle par sa double pratique d’écrivain et de photographe. Ses photographies enracinées dans le Midwest dépassent leur ancrage pour exprimer la culture américaine dans son ensemble et plus généralement la vie et la conscience humaines.

L’exposition « L’essence du visible » à la Fondation Henri Cartier-Bresson, à Paris, met en lumière, pour la première fois en France, la vision à la fois photographique et littéraire que Wright Morris a transmise de l’Amérique profonde. Des tirages, ouvrages et documents dévoilent l’écriture singulière d’un auteur respecté aux Etats-Unis mais méconnu. On découvre, notamment incarnée par l’ouvrage The Inhabitants, une double pratique très atypique d’écrivain et de photographe.

« L’essence du visible » : photos de Wright Morris à la Fondation Henri Cartier-Bresson

Écrivain ancré dans la terre qui l’a vu naître et sur laquelle il a grandi, le Midwest, et nourri par ses innombrables voyages à travers les Etats-Unis, Wright Morris a laissé une œuvre littéraire considérable qui, si elle a pour thème central la vie dans les grandes plaines centrales, témoigne plus largement d’une subtile analyse de la culture américaine et de la conscience humaine. Son style littéraire, très photographique, exprime beaucoup en peu de mots ; la photographie en constitue le pendant sans être une simple illustration de ses textes : les photographies sont pour Wright Morris des œuvres à part entière, de valeur égale à celle de ses écrits.

Wright Morris, une double pratique d’écrivain et de photographe

C’est lorsqu’il se rend compte que la photographie peut saisir ce qu’il tentait jusque-là de « capturer avec des mots » que Wright Morris innove en créant son premier « photo-texte », The Inhabitants, publié en 1946. Les textes de fiction y sont associés à des photographies majoritairement réalisées dans le Nebraska. Dans cette recherche formelle se révèle un écho inattendu entre les mots et les images. Si elles peuvent être rapprochées de celles de photographes documentaires comme Dorothea Lange et Arthur Rothstein, les photographies de Wright Morris sont plus composées, plus intellectualisées et plus détachées du pur réel que les leurs.

Wright Morris cherche à « capturer l’essence du visible »

Alors que les fictions de Wright Morris sont souvent construites autour de personnages, ses photographies sont pour la plupart dépourvues de présence humaine. Cependant, la vie transpire de ces compositions d’objets : chaises, miroirs, voitures, vêtements, ustensiles de cuisine, maisons en bois, etc. D’une grande simplicité et enracinés dans le territoire, les clichés de Wright Morris sont pourtant marqués par un caractère énigmatique, ils mêlent le banal et le bizarre, le matériel et de l’immatériel. Scrutant l’intime, Wright Morris n’eut de cesse de chercher à « capturer l’essence du visible » et à rendre visible l’invisible.

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