DANSE | SPECTACLE

In Spite of Wishing and Wanting

12 Jan - 12 Jan 2018

Des désirs dévorants à la réalité : l'écart entre vouloir et pouvoir. Recréant l'une de ses pièces les plus fulgurantes, In Spite of Wishing and Wanting, le chorégraphe Wim Vandekeybus livre une pièce turbulente. Avec douze danseurs masculins : un spectacle décapant, pour réapprendre la force du désir.

Conçue en 1999 pour douze danseurs masculins, la pièce de danse contemporaine In Spite of Wishing and Wanting joue sur l’épure et le désir. Sans décor, le chorégraphe belge Wim Vandekeybus et sa compagnie Ultima Vez font naître des univers par le mouvement. Sur une musique spécialement composée par David Byrne, la pièce explose en pulsions et contentions, à la recherche de ce qui anime. Pour sa recréation en 2016, In Spite of Wishing and Wanting se réinvente avec douze nouveaux interprètes. Une trame qui se déroule entre éveil et rêve, entre fulgurance des désirs humains et surgissement des réalités. Moments d’énergie hallucinée, de quête effrénée, In Spite of Wishing and Wanting bondit ainsi d’un monde à l’autre. Danse, musique, vidéo, texte… Une pièce chorégraphique composite, pour des désirs éclatés.

In Spite of Wishing and Wanting de Wim Vandekeybus : le désir à l’épreuve du réel

Il y a d’abord la trame narrative : un court-métrage projeté, The Last Words [Les derniers mots], de Wim Vandekeybus. Inspiré par l’écrivain argentin Julio Cortázar, la vidéo suit un magicien qui vend des mots à ceux qui le désirent. Sur scène, onze danseurs lui répondent, aux prises avec leurs propres aspirations. Vouloir dire, vouloir faire, vouloir être… Le tumulte se heurte à l’obstacle des indicibles, des impossibles. Comme la pluie de plumes, qui rappelle autant la chute d’Icare que les mots sans effet de son père, Dédale. Onze hommes dévoré par leur libido au sens large : la force du vouloir. Dans le titre In Spite of Wishing and Wanting [En dépit du fait de souhaiter et vouloir] se cache ainsi un autre terme : pouvoir. Masses d’énergie se percutant les unes les autres, les danseurs explorent le différentiel entre potentiel et acte, entre dire, vouloir et pouvoir.

Danse, musique (David Byrne), vidéo… Un concentré composite, énergique et habité

Vouloir être une éponge, un poisson au fond de l’eau, un oiseau… Vouloir ressentir ce que ressentent les autres, l’Autre… Un douzième homme, Yassin Mrabtifi, intervient comme figure de l’obstacle. Entre discipline et despotisme, il s’arroge le privilège des désirs les plus fous, des rêves les plus démesurés. De narcoses en soubresauts, la scène palpite et tourbillonne. Révoltes, domptages, rebuffades… La chorégraphie d’In Spite of Wishing and Wanting passe ainsi au crible la légitimité des rêves. Tout en scrutant le pouvoir répressif du réel. Déborder de désirs, marcher au pas, s’évanouir dans le repli immobile : ici aussi, il y a un temps pour tout. Spectacle virevoltant, les jeunes danseurs de Wim Vandekeybus communiquent ainsi leur énergie dévorante. Les spectateurs chutent avec eux ; se relèvent avec eux. Pour mieux s’envoler, dans les paysages sonores de David Byrne (chanteur et guitariste du groupe post-punk et new wave Talking Heads).

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