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We’re Treating Each Other Just Like Strangers

PEmmanuel Posnic
@12 Jan 2008

Meredyth Sparks n’explore qu’un seul motif: les stratégies de l’iconographie pop. Son oeuvre se déploie principalement à travers le médium photographique bien qu’elle transgresse le genre en modifiant l’aspect des images, leur traitement graphique ou bien encore leur contenu symbolique.

D’autres dispositifs viennent occuper le spectre de son travail, notamment l’installation de petits éléments et l’utilisation du néon.
Mais à chaque fois, la même ritournelle qui se tisse et qui se livre en pâture au regard: la représentation accomplie de la star, sa mise en lumière, sa glorification, le même mécanisme montré sans complexe mais dans une complicité apparente.

L’exposition chez Frank Elbaz, «We’re Treating Each Other Just Like Strangers», s’articule autour de trois ensembles.
Le premier à l’entrée montre une installation minimaliste (Untitled): deux silhouettes d’oiseaux placées devant un spot lumineux, l’une fixe et l’autre suspendue sur un fil. Fatalement, le spot reporte leurs ombres sur le mur tout proche et produit un jeu de frottement qui n’apparaissait pas dans le réel. L’ombre de l’oiseau en perpétuel mouvement vient effleurer l’autre immobile: cette danse, comparable à un rite de séduction, s’engage dans un espace virtuel, fantomatique même, le lieu de l’image de l’image.

Cette mise en abyme de l’image traduit chez Sparks une volonté d’interpréter les codes et le langage de l’image. Le deuxième ensemble, véritable nœud de l’exposition, se déploie sous la forme d’une frise de photographies (We’re Treating Each Other Just Like Strangers, 2006). Des clichés reprenant des portraits de musiciens de la scène rock anglo-saxonne depuis les années 60. Y figurent pêle-mêle les Rolling Stones, le Velvet Underground, les Clash, Iggy Pop, David Bowie ou Blondie, chacun dans des postures significatives, portraits de groupe ou scènes de concert.
Meredyth Sparks récupère ses images sur des magazines, des pochettes de disques pour les retravailler, enlever des éléments et accentuer une dynamique. L’artiste bricole ensuite de nouveaux tirages, elle y colle des bandes d’aluminium, des paillettes noires ou argentées et construit ainsi une autre image, une autre tension, encore une fois un nouvel espace virtuel.
Les césures de l’aluminium, les projections lumineuses des paillettes réorganisent l’image entre figuration du contenu et abstraction du geste surajouté. Elles amplifient la stratégie de communication par l’image tout en déjouant le processus, déjouant parce que sur-interprétant le mécanisme subversif de l’idolâtrie.

De la mise en abyme de l’image pop à celle de sa propre image, il n’y a qu’un pas. Meredyth Sparks le franchit dans le troisième ensemble, My Name As Though It Were Written On The Surface Of The Moon où, à la manière d’un Kosuth, le mot qu’elle inscrit s’immisce entre le monde des idées et celui de la matérialité. L’artiste écrit son nom au néon un «ssssssparksssss», très sifflant, très pop, jubilatoire et ironique parce que fier d’afficher sa réalité et son narcissisme.
Comme dans les deux premières installations, elle pousse l’image dans une réalité virtuelle, une lisière tangible entre le langage et l’objet, entre le néon accroché et son halo lumineux. Le très chantant «sparks» met ainsi en scène une Meredith Sparks fantôme, évaporée dans le vide de la galerie, et par conséquent dans l’aire laissée vacante par les oeuvres.

Mise à plat et retournement des dispositifs de l’image, déplacement de celle-ci dans l’étendue d’un espace virtuel: la tension de l’œuvre de Sparks se situe là, au milieu du gué, où campe également les réflexions sur l’image et sa représentation les plus passionnantes du moment.

Meredyth Sparks
— Untitled (Blondie II), 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 151,5 x 105 cm.
— Untitled (Ian III) 2006. , 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 152,4 x 99,7 cm.
— Untitled (The Velvet Underground I) , 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 45 x 32 cm.
— Untitled (Talking Heads IV) , 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 32 x 32 cm.
— Untitled (Ramones II) , 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 78 x 88,5 cm.
— Untitled (Kraftwerk I) , 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 32 x 45,5 cm.
— Untitled (Television I) , 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 46 x 31,5 cm.
— Untitled (Double Elvis I) , 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 43,5 x 32 cm.
— Untitled (Country Life II) , 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 101 x 101 cm.
— Untitled (New Order I) , 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 32 x 32 cm.
— Untitled (Olivia Newton John III) , 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 32 x 46 x cm.
— Untitled (Blue Monday I) , 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 32,5 x 33 cm.
— Untitled (Aladdin Sane I), 2006. Scan numérique, feuille d’aluminium, paillettes. 32 x 32 cm.

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