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Wang Ziwei

PNicolas Bauche
@12 Jan 2008

Le peintre chinois Wang Ziwei est un maître en hybridations. Il mêle les États-Unis à la Chine par de surprenants raccourcis plastiques. Il joue avec les références iconiques, et nous sert un morphing de Marilyn et de Mao !

La Chine dit «pop» avec Wang Ziwei ! Ses tableaux déclinent les couleurs flashy de Warhol et consorts, étalent sur les murs les figures de Marilyn Monroe et des cartoons de la Warner. Une bien joyeuse bande ! Mao saluant et deux jeunes filles qui exhortent à respecter la Révolution Culturelle. Ziwei adapte Warhol, Lichtenstein… C’est très bien pour l’export.

Depuis la gigantesque exposition (cent quarante-cinq œuvres) que l’Espace Pierre Cardin avait consacrée à l’avant-garde chinoise en 2002, le «political pop art» et ses représentants, Wang Ziwei en tête, ont prouvé aux plus dubitatifs, qu’en Chine, les canons de l’art ne sont plus édictés par l’État.

La palette du Chinois tonifie l’iris de ses violets, bleus et verts. De toutes les couleurs, c’est pourtant le rouge carmin, dense et passionné, qui prédomine. Une tonalité symbolique: avec elle, c’est la révolution, le sang versé pour la liberté et Tien an Men qui emplissent soudain l’espace.

Cette impression étrange persiste devant les hybridations inédites de Wang Ziwei. Il mêle les États-Unis à la Chine par de surprenants raccourcis plastiques. L’artiste joue avec les références iconiques, et nous sert un morphing de Marilyn et de Mao! A moitié chauve — il ne reste rien du halo opalin de l’actrice hollywoodienne —, brun et la lèvre légèrement pendante, voilà l’enfant né des amours virtuelles des deux grands de ce monde. Avec, en prime, un air de ressemblance avec Liz Taylor, autre modèle de Warhol.

Persistance rétinienne, motif graphique ou idée fixe, «le petit père du peuple» est de toutes les toiles, de toutes les œuvres. Ziwei voit des Mao partout. Sur le vélin, le peintre brasse les références graphiques, Titi, le canari de dessin animé, rencontre le Grand Timonier.
Il copie trait pour trait la Girl With Ball de Lichtenstein pour y insérer une baigneuse sexy: un Mao en bikini, mouture incongrue des belles qui s’effeuillaient dans les pages des calendriers.
Dans un autre tableau, le père du Roi Lion, un rugissant monarque, s’agrippe à un pic rocheux avant de tomber dans le vide. Émanant des vapeurs grisées, une tête de mort –Mao !-, annonce son sort funeste.

Situé dans les années 50, le travail de Wang Ziwei pourrait se perdre dans la chromo facile si, derrière ses jeux esthétiques et faussement ludiques, ne se cachait la critique virulente de la société chinoise. Instrumentaliser le faciès de Mao, brocarder l’ouverture économique et la plastique sanguine du communisme, voilà des bravades à applaudir ! L’export a bon dos…

English translation : Nicola Taylor

Wang Ziwei
— Untitled (Marylin & Mao), 2006. Acrylique sur toile. 180 x 210 cm.
— Untitled (Head «Marylin & Mao»), 2006. Acrylique sur toile. 180 x 180 cm.
— Untitled (Lion King), 2006. Acrylique sur toile. 180 x 210 cm.
— Untitled (Mao & Titi), 2006. Acrylique sur toile. 180 x 260 cm.
— Untitled (Marylin & Black Mao), 2006. Acrylique sur toile. 180 x 210 cm.

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