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Wall 0208

L’installation de Marie Maillard : Wall 0208 s’intègre avec précision à l’architecture : un muret construit avec la même brique que le mur dessine une sorte de puits rectangulaire aux proportions qui s’accordent aux mesures du patio. Un des côtés possède une ouverture où se dresse une paroi vitrée dans un cadre en aluminium brossé. Cette paroi fait écho aux portes-fenêtres vitrées de l’architecture qui lui font face.

Entre design, art et architecture, l’œuvre joue ainsi au caméléon au point de se dissoudre dans le cadre architectural, à deux détails près : d’une part, du fait que sa structure et que sa forme générale ne présentent aucune fonctionnalité, la présence de cette construction intrigue ; d’autre part, en contournant le patio, on découvre un écran, sur le mur d’en face, qui diffuse une image du «puits» prise d’un point de vue zénithal, donnant à voir la section de l’espace emprisonné en son intérieur, inaccessible au regard.
Au fond de la construction, des arbres, avec lenteur, bercent leur ramage ou bien voit-on l’image reflétée, puisque l’image paraît être celle d’une étendue d’eau qui accueille les reflets du végétal ? Au centre apparaît une trouée, la vue du ciel.

Le dispositif trouble subtilement le visiteur qui s’interroge, au moment où il saisit le rapport entre la construction et l’image de l’écran, sur l’éventuelle possibilité d’une «prise en direct» de l’image.
L’absence de caméra au-dessus du «puits» et d’arbre autour de celui-ci le ramène immédiatement à la raison. L’image, l’incrustation, créent un jeu entre réalité et fiction, réalité et illusion, et ce jeu est redoublé par la nature de l’image même. En effet, perçoit-on une nappe d’eau au fond du «puits» au-dessus de laquelle les arbres majestueux balancent leur ramage et dont on perçoit les reflets, ou bien voit-on une trouée vers le ciel, une portion de ciel, incrustée dans l’image du «puits», à la façon surréaliste, sans passer par le stade d’aucun miroir ?

Ce doute engendré par la nature de l’image – une image travaillée -, interroge notre perception de l’espace et notre point de vue, nous désappointe. Sur l’écran, en plan vertical, se donne à voir l’image de la construction vue de haut, au sein de laquelle est visible une trouée, en bas, au-dessus des cimes des arbres, une trouée donc de ciel, ce ciel au-dessus du patio, ce puits de lumière…

Ce n’est pas la vérité, ici, qui sort du puits mais un jeu qui nous fait osciller entre le réel et le virtuel, un jeu spéculaire subtil qui questionne notre perception de l’espace par le pouvoir de l’image de créer un monde illusoire arrimé à la réalité, un monde poétique comme l’est, simple, la vérité de l’œuvre.

Marie Maillard
— Wall 0208, 2008. Installation. Briques, aluminium.