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Voyages et autres investigations (4)

22 Oct - 02 Jan 2011
Vernissage le 21 Oct 2010

L’œuvre d’Olga Boldyreff concilie les sources de l’art populaire russe et les formes de la tradition occidentale (post-minimalisme, antiforme,...). Cette exposition permet d’approcher au plus près ce mélange des genres et cette fusion des styles recherchée par l’artiste.

Communiqué de presse
Olga Boldyreff
Voyages et autres investigations (4)

En 2010, le Musée des Beaux-Arts à Nantes présente le quatrième volet du programme d’exposition Voyages et autres investigations conçu par Olga Boldyreff. Développé au musée des Beaux-Arts de Calais en 2008 puis au musée Akhamatova de St Petersbourg en 2009, ce projet met l’accent sur l’œuvre au croisement de deux univers, construite par Olga Boldyreff depuis les années 1980.

« Voyages et autres investigations (4) » présente un ensemble de dessins et de sculptures d’Olga Boldyreff dialoguant avec des œuvres de Natalia Gontcharova, Michaël Larionov, Eva Hesse, Sol LeWitt, Alighiero e Boetti et André Cadere.

L’œuvre d’Olga Boldyreff concilie les sources de l’art populaire russe et les formes de la tradition occidentale (post-minimalisme, antiforme, arte povera): le choix des œuvres et des artistes sélectionnés permet d’approcher au plus près ce mélange des genres et cette fusion des styles recherchée par l’artiste.

Née à Nantes en 1957 de parents russes exilés, l’artiste a hérité des influences de la culture orientale et de la culture occidentale. Cette collision entre deux modes de pensée l’a conduit à organiser une grammaire très personnelle, un jeu aux combinaisons multiples dont les règles incertaines et changeantes peuvent à tout instant être modifiées. Dans ce mélange des genres, le subjectif et l’objectif s’unissent, tout comme le conscient et l’inconscient, la raison et la spontanéité.

Dessin, sculpture, performance, photographie, estampe, l’œuvre d’Olga Boldyreff est polymorphe. Elle propose un renouvellement du dessin et de la sculpture en s’échappant du champ artistique habituel pour associer aux pratiques traditionnelles des Beaux-Arts des matériaux et des techniques non conventionnels (broderie, tricot, crochet, tricotin, pyrogravure…). Dans l’espace, les œuvres se construisent autour de trois grands mouvements qui s’organisent autour de la quête, de l’attente et de l’amour.

La quête renvoie à la solitude, à une errance perpétuelle. Même lorsque la quête s’inscrit dans un espace à parcourir, lorsqu’elle devient itinéraire, elle concerne le voyage intérieur. L’œuvre Les Petits abandons (1993-1994) évoque cette errance. Des quarante neuf actions au tricotin réalisées dans les lieux publics, il reste des photographies en noir et blanc mentionnant le numéro de l’abandon, le jour, l’année et l’endroit où il a été réalisé. Cette œuvre emblématique des années 1990 n’est pas sans rappeler la pratique nomade d’André Cadere.

Au cours de promenades annoncées comme des expositions, Cadere (1934-1978) parasitait les lieux publics avec sa barre colorée qu’il abandonnait comme la signature de son passage et de son indépendance vis à vis des lieux institutionnels où il s’invitait sans permission. Dans le geste de Cadere s’est incarnée l’idée d’une peinture sans fin.

L’esthétique de la mobilité que développe Olga Boldyreff vient de la situation inconfortable à se sentir russe et française. Les tableaux et sculptures des premières années en sont déjà porteurs: Portraits (1985), Tableau rouge au bâton (1986), Pointes tête homme (1987), L’homme en fil (1987), Les Faux monochromes (1987), Les Pics (1988), Le Faux tapis (1989-1993), La Ligne de temps (1990-1991). En privilégiant l’utilisation de matériaux pauvres et souples, Olga Boldyreff se place dans le chemin du post-minimalisme et de l’antiforme revisités par Eva Hesse (1936-1970) et dans le sillage de l’arte povera dont Alighiero e Boetti (1940-1994) fut l’une des figures majeures.

En créant son double Alighiero et Boetti, l’artiste présente les contrastes présents dans son œuvre, l’individuel et le collectif, l’ordre et le désordre, la perfection et l’erreur. La création de ce double renvoie à la question de l’identité composée tel le lien qui relie Boldyreff la Française et Boldireva la Russe. Parler de l’identité composée, c’est accepter d’être ailleurs, toujours, avec les doutes et les incertitudes que cela comporte. Ensemble, Boldyreff et Boldireva ont apprivoisé le mélange mystérieux de l’identité composée.

L’attente est un thème éternellement repris par Olga Boldyreff. Comme dans toutes les familles d’exilés russes, le mélange du calendrier Julien et Grégorien a toujours octroyé des parenthèses au temps. Il perd sa cadence habituelle pour jouer la répétition des fêtes de Noël, du jour de l’An, de Pâques. Le temps s’installe hors du temps, il donne l’impression de vivre plusieurs vies, d’être ici et ailleurs.

Dans ses dessins et sculptures Boldyreff s’intéresse à la fragilité de ce temps égaré, d’où l’idée pour l’artiste de privilégier le tissage du fil, le temps dans sa continuité, sa fluidité, plutôt que dans sa coupure. Ses œuvres comme L’Enlèvement (1996-2001) et plus généralement tous ses wall drawings s’intéressent au temps, celui de l’instant où la cordelette se fabrique au cours de performances puis celui du dessin et de l’exposition.

Si les wall drawings d’Olga Boldyreff posent la question du temps, ils s’intéressent aussi à la problématique de la matière et à sa dématérialisation. Simplifiés à l’extrême, ils ont l’habileté malhabile des dessins d’enfants. Sorte d’épure ou d’ascèse, ils utilisent le minimum de matière pour donner à la ligne le maximum d’extension possible sur la surface du mur. Par leurs couleurs vives et leurs formes schématisées, les wall drawings d’Olga Boldyreff évoquent aussi bien l’art populaire russe que l’art conceptuel de Sol LeWitt fondé sur la conviction que l’essentiel d’une œuvre se joue dans son idée.

Les Wall drawings et toutes les dernières sculptures d’Olga Boldyreff, parmi lesquelles Moïa Zolotaïa (2005), Wishes (2007), L’Amour est plus fort que la mort (2007), Les Traversées (2006-2008) puisent la puissance de leur expressivité dans des formes archaïques issues de l’art populaire. Comme de nombreux peintres, Natalia Gontcharova (1881-1962) et Michaël Larionov (1881-1964) ont eu la capacité de réinterpréter les apports de l’art populaire russe: jouets en bois, enseignes, icônes.

L’amour est une communion qui lie l’esprit à la matière. Au début des années 1990, Olga Boldyreff s’empare du feu pour dessiner comme le montre l’ensemble important de Dessins-Promenades, réalisés sur papier ou sur toile. Comme l’avait fait avant elle Yves Klein (1954-1962) avec ses Peintures Feu, le feu est pris comme une matière capable de jouer l’intermédiaire entre les forces terrestres et célestes.

L’apparence classique des Dessins promenades d’Olga Boldyreff (ils se situent dans la tradition de la perspective linéaire) est transmuée par l’utilisation du feu (pyrograveur) qui manifeste la présence du sacré.

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