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Voyage en Amérique

PNatalia Grigorieva
@12 Jan 2008

Les mots manquent pour définir le travail de Fabien. Les deux pièces dont il est l’auteur vacillent entre installation et sculpture, entre machines divertissantes et œuvres d’art. Le résultat impressionne par sa féerie et chiffonne par son absence de fond.

A première vue, on est en présence d’un grand tas de ferraille, d’un bric-à-brac de marché aux puces. Mais voilà que, suite à l’introduction d’une petite boule qui va se frayer un chemin à travers les entrailles de cette construction, tout s’illumine, tout s’anime.

Il y a un gramophone qui joue un air désuet, des silhouettes de couples qui entament une danse, une roue lumineuse, de la fumée métaphysique, des têtes d’anges et des bannières étoilées en papier. La grande installation Voyage en Amérique est une combinaison d’objets qui se veut «métaphore du rêve en action». C’est une sculpture-machine dont le spectateur déclenche le mécanisme pour assister à une série d’évènements qui, en le prenant par surprise, fascinent.

Au sous-sol, Prends le temps, une autre boîte plus modeste. Toujours grâce à une petite boule on s’offre un spectacle dans une sorte de théâtre miniature: le rideau s’ouvre, une musique retentit, des images sont projetées sur un écran, tandis que la boule entame une ascension. C’est féerique, hypnotique, onirique, poétique.
C’est un « instant volé au temps » qu’on peut employer à « méditer et éprouver des émotions rares » (dixit Sébastien Delot) avant d’être brusquement ramené à la réalité par la boule qui s’écrase avec fracas au fond de la boîte et rappelle cruellement que « le temps est un joueur avide qui gagne sans tricher, à tout coup! C’est la loi. »

Mais au final, on ne peut s’empêcher de se demander si les installations de Fabien sont bien «de l’art». On peut certes y trouver des résidus du surréalisme ou y voir une farandole de ready-made. Mais dans le fond, une comparaison plus pertinente et plus évidente s’impose: il s’agirait là d’une version sophistiquée de la boîte à musique classique, celle avec une petite danseuse en tutu rose qui tournoie quand on soulève le couvercle. C’est joli et presque magique. Guère plus.

Traducciòn española : Maïté Diaz
English translation : Margot Ross 

Fabien :
— La Bouche d’Irène, n.d. Vidéo.
— T’es fou (bleu), n.d. Sculpture.
— Conte de noël, n.d. Sculpture.
— Lulu 2, n.d. Sculpture.
— L’Aviateur, n.d. Sculpture.

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