ART | CRITIQUE

Volume Sonore

PJérôme Diacre
@08 Oct 2009

L’installation d’Alma Fury dans la cour de l’hôtel Gouïn, à Tours, offre au public une intéressante illustration des recherches les plus actuelles menées par la musique expérimentale.

Dans un module blanc insonorisé, la diffusion d’une composition de micro-boucles permet au visiteur de s’immerger au cœur d’une perception originale et singulière à l’écart du cours incessant des choses et des affaires.
Cet espace sonore propose une expérience d’écoute où toutes les possibilités naturelles et techniques de perception auditive sont sollicitées. Plus globalement, la présence de toute chose est questionnée à partir de l’onde et de la nappe sonore.
C’est là un véritable critère d’évaluation et d’interrogation. Entre astronomie et chimie organique, l’onde sonore se déploie dans une surprenante cohérence et homogénéité. Les métaphores courent d’un domaine à l’autre sur le registre de l’infra-mince acoustique.

On pénètre dans cette sorte de chambre d’écoute par un boyau circulaire qui se rétrécie lentement. Cette architecture d’inspiration méditerranéenne tranche avec le style Renaissance de l’Hôtel Gouïn. Fixée sur la façade de ce dernier, l’évocation visuelle d’une courbe de fréquence interpelle le visiteur. Des volumes anamorphosés rassemblent des images d’archives de la reconstruction de l’Hôtel au sortir de la seconde Guerre mondiale, des miroirs qui reflètent le ciel et des aplats blancs qui expriment la pureté de l’algorithme. Il ressort de cette triangulation le sens d’une architecture fondamentale que l’on retrouve dans la composition sonore.

Aussi, cette matière sonore est devenue aujourd’hui essentielle dans le travail des artistes plasticiens. Depuis les récentes expositions au Palais de Tokyo et dans certaines galeries parisiennes, mais aussi à travers l’ouverture, un peu partout en France et en Europe, de salles de concert dédiées aux musiques expérimentales, un renouveau esthétique surgit de l’ingéniosité technologique.

Il faut constater le développement de festivals et de labels qui assurent de manière décisive la reconnaissance de cette pratique. Affranchis du design sonore, ces travaux ouvrent une autre approche réflexive sur le monde. Loin d’une technophylie naïve, elle revendique une approche anthropologique qui tient compte des enjeux les plus actuels au sujet de la compréhension de l’homme dans l’économie générale du monde.

Alma Fury (Vonnick Mocholi & Claude Besnard)
— Renaissances, Hôtel Goüin à Tours, 2009. Volume Sonore: installations liant architecture & son autour de la situation d’écoute. Bois, fibres végétales, ouate de cellulose, dibond , ordinateur, système de diffusion pour 7 haut-parleurs.

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