DANSE | SPECTACLE

Virgin Territory, Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis 2017

27 Mai - 28 Mai 2017

Dans le cadre des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis 2017, Mains d’Oeuvres présente Virgin Territory du Vincent Dance Theatre, un spectacle portant un regard critique sur le monde virtuel dans lequel sont immergés enfants et adolescents.

A l’occasion de l’édition 2017 des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, le Vincent Dance Theatre dirigé par Charlotte Vincent présente Virgin Territory, un spectacle portant un regard sur le monde virtuel dans lequel désormais naturellement immergés, notamment enfants et adolescents.

Virgin Territory

Pièce pour huit danseurs créée en 2015, Virgin Territory prend pour thème l’écart entre réalité et virtualité, entre le monde numérique et la vie réelle, entretenu par l’usage régulier et intensif d’internet et des réseaux sociaux. Si une telle utilisation concerne désormais un nombre croissant d’individus, enfants et adolescents se trouvent particulièrement exposés à des flux d’images dont les contenus sont livrés sans retenue et facilement accessibles.

Virgin Territory s’attache plus particulièrement aux représentations sexuées du corps pour en souligner à la fois la surabondance et les usages outranciers, ainsi que leurs conséquences dévastatrices sur les plus jeunes utilisateurs d’internet. Si une telle proposition critique répond indéniablement à toute une littérature abordant déjà ce sujet, la pièce de Charlotte Vincent semble toutefois l’une des rares à adopter une cette démarche, et prolonge en quelque sorte le travail entrepris dans Motherland en 2013, spectacle dans lequel une jeune fille observait la «politique des genres» mise en œuvre par les adultes.

Virgin Territory : le panoptique digital

La scénographie de Virgin Territory plonge d’emblée les spectateurs dans ce monde virtuel dans lequel, suggère immédiatement Charlotte Vincent, aucune distinction, fut-elle élémentaire, ne vaut. Les spectateurs sont en effet installés tout autour d’une scène recouverte de fausse pelouse, susceptibles par là même d’être submergés par le spectacle offert. Dès l’apparition du premier danseur adulte, s’ouvre irrémédiablement l’univers de la «culture visuelle» et de l’absolue visibilité dans lequel tout se voit et est donné à voir, jusqu’aux détails intimes des existences individuelles.

Sur scène, métaphores visuelles et physiques se succèdent. Métaphore de chiens prédateurs aboyant et se battant imités par des danseurs ; métaphore du stéréotype de la «poupée sexy», d’abord interprétée par une danseuse adulte, puis par ses doubles enfantins. Posant avec lenteur et adoptant des postures mécaniques, les interprètes font alors figure de simples objets exposés aux regards et à la convoitise de tous. Les spectateurs sont dès lors confrontés aux mouvements et aux apparitions de personnages en proie à la représentation de soi. Tel ce jeune garçon vêtu d’une chemise pleine de ballons s’efforçant de faire saillir ses muscles comme un bodybuilder, qui tend à rendre toute distinction entre jeu d’enfant et obsession d’adulte. Ou encore ces danseuses, incarnations d’actrices pornographiques aux caractéristiques physiques démesurées. Et cette parade grotesque laisse apparaître adultes et enfants sur un même plan, ne cessant de se filmer et se photographier. Virgin Territory suggère alors la confusion de la perversion et de l’adolescence.

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