ART | CRITIQUE

Vincent Lamouroux et Virginie Yassef

PLéa Bismuth
@12 Jan 2008

La galerie Vallois partage son espace entre Virginie Yassef et Vincent Lamouroux qui travaillent tous les deux à penser construction rigoureuse et monde imaginaire. Les deux expositions sont présentées séparément, mais leur proximité thématique et visuelle invite à les penser ensemble.

On est d’abord confronté au travail de Vincent Lamouroux, aux confins de la peinture, de la sculpture, de l’architecture et de la physique.
A l’entrée de la galerie, une sorte de constellation figurant Alpha, Delta, Gamma et Beta est reproduite sur le mur. Cela met dans l’ambiance le spectateur qui va avoir affaire à une œuvre cryptée, une réflexion sur la géométrie de l’univers.

Ensuite une sculpture futuriste, ou plutôt une structure blanche, entre vaisseau spatial, télescope et silo à grain, empreinte de minimalisme et de géométrie, invite à rêver un nouvel art des formes, entre technologie ambitieuse et science-fiction inconcevable.

Enfin, trois tableaux d’explosions en noir et blanc finissent de dérouter le spectateur. Pour les réaliser, Vincent Lamouroux a travaillé à partir de véritables photographies d’explosions trouvées sur internet, qu’il a cherché à géométriser. Mais comment géométriser une explosion? Comment imposer une rigueur à une forme folle, par essence absolument impossible à maîtriser?

Ce paradoxe construit l’œuvre et donne à penser la géométrie et le progrès dans un même mouvement.

Virginie Yassef s’emploie elle aussi à travailler la géométrisation des formes en élaborant une sculpture noire construite à partir d’éléments aimantés qui peuvent donc être disposés de manière aléatoire. Cette sculpture fait face à une vidéo dans laquelle un enfant manipule les pièces et les dispose comme bon lui semble. L’enfant démiurge a remplacé l’artiste.

Sur les murs, on observe une succession de photographies qui composent une sorte de frise. Dans chaque cadre, trois petites photos sont autant de vignettes et de séquences non chronologiques, à la narration éclatée et parcellaire.
Le cadrage des photographies empêche le plus souvent de voir un référent : on ne peut que deviner des structures urbaines morcelées, des bouts de fêtes foraines, des bouts de ciel bleu, des étendues désertiques ou encore des éléments pris dans la glace.
Enfin, des lampes de bureau dont l’abat jour est troué sont disposées contre le mur: est-ce un moyen de diffuser de la lumière ou de la gaspiller d’un geste enfantin?

Ces deux artistes suscitent un sentiment mêlé de perplexité et d’incertitude et interrogent le statut de la science-fiction dans l’art, entre sculpture cubiste, installation minimaliste et construction d’un discours mental.

Vincent Lamouroux
— Chile 05, 2006-2007. Technique mixte. 45 x 100 x 45 cm. Édition de 3.
— Scope 01, 2007. Polystyrène résiné, métal peint, bois, acrylique. 90 x 100 x 101 cm.

Virginie Yassef
— Alloy, 2007. Technique mixte. Vidéo 15’. Objet: 140 x 87 x 157 cm.
— Airedificio, 2007. Technique mixte. 191 x 240 x 210 cm. Pièce unique.
— Scénario Fantôme (n°3), 2006-2007. Photographies couleur. 6 x 9 cm chacune. Édition de 3 + 1 E.A.
— Scénario Fantôme (n°7), 2006-2007. Photographies couleur. 6 x 9 cm chacune. Édition de 3 + 1 E.A.

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