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Vincent Beaurin

PHélène Sirven
@12 Jan 2008

Les objets poétiques de Vincent Beaurin interrogent le monde des images, voire même celui des icônes, dans une petite bataille immobile qui tente de se débarrasser des commentaires et des interprétations. Juste regarder, se laisser piquer au jeu…

La galerie accueille un univers particulier, onirique, réservé, caressé par un éclairage discret : celui des objets de Vincent Beaurin, à la croisée de l’art et d’un design doux, mais assez incisif au fond. Arrêté par des bandes de scotch blanc, disposées irrégulièrement et géométriquement dans l’espace, le visiteur ne peut toucher ces formes insolites, ni trop grandes, ni trop petites, précisément installées sur le sol. Drôles aussi, ces pièces sont relativement zoomorphes pour certaines; d’autres semblent jouer avec un minimalisme scintillant, lorsque les paillettes recouvrent des volumes simples, ronds, arrondis.

Il y a donc ici une variété délibérée, une séduction ouverte, sans bavardage. L’ensemble conjugue acidité (jaune citron) et volupté, dans une sensualité un peu hérissée (le noir, les baguettes, les paillettes). L’artiste crée des contrastes de couleurs, de matières et de formes au sein d’une sorte de territoire assez dérangeant, apparaissant comme un signal lumineux qui ne renverrait à aucun code véritablement identifiable.
Entre un décor fantastique et une série d’éléments appartenant peut-être à une même famille, le regard est sollicité, mais le corps doit rester à distance. Le monde des objets, inerte mais parfois inquiétant, souvent dérisoire, pourrait montrer une fois encore que l’humain désire aussi se tapir dans l’absurde pour échapper à l’emprise des idées reçues.
Les captures poétiques de Vincent Beaurin interrogent le monde des images, voire même celui des icônes, dans une petite bataille immobile qui tenterait de se débarrasser des commentaires et des interprétations. Juste regarder, se laisser piquer au jeu, tel serait ce que ces œuvres provoquent sans détour.

On se souviendra de l’exposition « Fragilisme » (2002) où Beaurin présentait des plâtres peints, à la fois suaves et déterminés. Ici, l’emploi des paillettes radicalise sa fascination vis-à-vis d’objets non homogènes, pour libérer (ou pour signaler en tout cas) les tensions, en se situant en dehors des catégories.
« Rien de tout ce dont les objets sont affublés, soutient Beaurin, des sens, des fonctions et des statuts, ne justifie leur présence, pas même leur inscription dans les mécanismes de l’identification et de la convoitise. »

Vincent Beaurin
— Enseigne animal, (jaune et noir, quatre pattes), 2003. Bois, polystyrène et paillettes polyester. 39 x 118 x 27 cm.
— Enseigne animal, (jaune et noir), 2003. Bois, polystyrène et paillettes polyester. 71 x 57 x 67 cm.
— Enseigne animal, (jaune avec boules), 2003. Bois, polystyrène et paillettes polyester. 127 x 63 x 78 cm.
— Enseigne animal, (noir), 2003. Bois, polystyrène et paillettes polyester. 93 x 50 x 72 cm.
— Enseigne animal, (jaune), 2003. Bois, polystyrène et paillettes polyester. 152 x 106 x 92 cm.
— Sans titre* (borne, jaune et noir, quatre pattes), 2003. Bois, polystyrène et paillettes polyester. h. 71 cm Ø 47 cm.
— Sans titre* (surface noire), 2003. Polystyrène et paillettes polyester. 240 x120 cm.
— Sans titre* (surface verte et noire), 2003. Polystyrène et paillettes polyester. 240 x 120 cm.
— Sans titre* (surface jaune), 2003. Polystyrène et paillettes polyester. 240 x120 cm.
— Sans titre* (suspension noire, six baguettes), 2003. Bois peint. 85 x 100 x 70 cm.
— Sans titre* (suspension noire, paillettes, trois baguettes), 2003. Bois et paillettes polyester. 75 x 80 x 35 cm.
— Sans titre* (10 dômes jaunes), 2003. Polystyrène et paillettes polyester. Ø 10 cm.
— Sans titre* (trophée, animal jaune), 2003. Bois et paillettes polyester. 77 x 85 x 36 cm.
— Sans titre* (Wall Drawing), 2003. Acrylique et paillettes polyester. 250 x 250 cm.
— Sans titre* (Wall Drawing), 2003. Acrylique et paillettes polyester. Ø 70 cm.

* Aucun titre n’a été indiqué par l’artiste.

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