ART | EXPO

Vigilance…?

14 Mar - 11 Avr 2015
Vernissage le 14 Mar 2015

Patrick Guns présente quatre nouvelles séries d’œuvres. Un mobile évoquant les migrants africains et leurs frêles embarcations, ainsi que quatre bonzaïs sont suspendus au plafond. Aux murs, ce sont 6 pierres calcaires et un grand dessin qui sont accrochés. Des œuvres qui, dans le langage imagé de Patrick Guns, évoquent nombre de tragédies humaines.

Patrick Guns
Vigilance…?

Patrick Guns utilise depuis ses débuts les jeux de mots, les associations d’idées ou les superpositions d’images. Ses œuvres sont à considérer comme des objets qui soulignent par une forme poétique, sarcastique ou humoristique, aidé en cela par la Belgitude de l’artiste, les problèmes de notre société et leurs interprétations.

Patrick Guns, appuie là où ça fait mal, il ne fait pas que désigner du doigt, il invite sa révolte à notre réflexion pour y placer le doute, la question, et peut-être la culpabilité. Ici il s’agira de Vigilance, le mot est suivi dans le titre de trois points et d’un point d’interrogation, s’agit-il de l’alerte que nous fait l’artiste: à nous d’être vigilent? pour notre société?, le monde de l’art? les œuvres en général? Ou au contraire, l’artiste y désigne t-il une attitude que le monde de l’art aurait perdu? mais d’un seul côté, celui du créateur, ou à l’opposé celui du regardeur, ou des deux?

Quatre nouvelles séries d’œuvres seront présentées au cours de cette exposition.

Un mobile, Nous sommes une trentaine Que Dieu nous vienne en aide, est suspendu au plafond de la galerie, fait de morceaux de barques dont l’intérieur est couvert d’or. Cette évocation poétique du drame des migrants africains mourant par centaine en tentant de gagner l’Europe. Le titre de l’œuvre, gratté à l’ongle sur la surface d’or d’un des fragments, fait référence aux nombres toujours plus effrayants des naufragés qui tentent chaque jour de rejoindre les côtes européennes sur de frêles embarcations. Cet or, est aussi le symbole du rêve de l’Eldorado ,l’or, la richesse du continent africain pillé par les Européens pendant plus d’un siècle de colonisation.

De la même série, sont accrochées aux murs 6 pierres calcaires: Salim CT 2015 – Walid SF 9227 – Jamil SF 5032… Ces pierres employées pour la lithographie et poncées jusqu’à la limite de leur utilisation, c’est-à-dire la cassure. Sur le principe de la technique de la lithographie, l’inscription en négatif et en lettres dorées correspond au nom d’une embarcation de migrants échouée sur les côtes italiennes, tels des numéros d’identité des victimes anonymes. Le nom ne peut se lire en positif que dans le reflet d’un miroir ou d’une surface d’eau.

Quatre bonzaïs suspendus au plafond de la galerie, sous le titre générique It´s a Song of Love (titre de son exposition au Musée d’Arts Contemporains du Grand Hornu (Belgique) l’année dernière et référence d’un titre de chanson de David Lynch, ces arbres graves et enduit de feuille d’or, évoquent le thème du déracinement (territorial, culturel, affectif), et l’impossibilité de maîtriser le monde. Sur les troncs sont gravés les noms d’ouragans selon le code du discours amoureux. Sarah and Joyce 2018 – Alex Ian et Lisa 2016 –… suit une chaîne d’associations d’idées allant de la passion, de l’amour, à la peur de la mort, en passant par la mémoire de la catastrophe.

Enfin, un grand dessin posé directement sur l’un des murs de la galerie, The Square (May 35th) fait directement référence à la date du 4 juin 1989, sur la place Tian’anmen à Pékin, — en Chine, il est interdit de parler de la journée du 4 juin 1989, alors pour détourner la loi et évoquer cet événement, les internautes ont choisi une autre date, celle du 35 mai.

Cette manifestation réclamant moins de corruption et plus de démocratie, qui a été réprimée violemment et fait plusieurs milliers de morts. Aujourd’hui, sur cette place, il est interdit de mâcher du chewing-gum et surtout de le cracher par terre. Sur ce dessin figurent trois soldats accroupis en train de retirer des chewing-gums collés au sol. Le public est invité par l’artiste à coller son chewing-gum sur le dessin. Patrick Guns considère ce geste auquel se prêtera le visiteur, comme un acte de résistance: une façon de s’opposer aux décisions avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord. L’œuvre va se remplir grâce aux visiteurs et les soldats auront symboliquement de plus en plus de mal à faire leur travail…

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